Dinard met les petits plats dans les grands

Pendant des siècles, l’art s’est intéressé aux aliments via la nature morte, la représentation de la chasse ou du repas. Et, en gastronomie, la jouissance de l’œil est essentielle, manger des yeux est tout un programme. C’est en ayant à l’esprit ces deux entrées en matière que Jean-Jacques Aillagon, commissaire, nous invite à savourer la cuisine de l’art. Une cinquantaine de plasticiens, réunissant stars (Koons, Warhol), artistes confirmés (Cognée, Mayaux, Spoerri…) et jeunes artistes (Bresson, Lamsfuss, Olinet…), se penche avec délectation sur la nourriture : de ses ingrédients et de sa préparation à sa consommation. Voilà donc une présentation qui nourrit tant l’œil que l’esprit.

Si certains artistes (Mapplethorpe, Rebeyrolle) régalent de leurs superbes natures mortes, d’autres n’hésitent pas à mettre les pieds dans le plat pour dénoncer les travers de la société consumériste (la violence des abattoirs, la malbouffe, le diktat des marques) ou, simplement, pour décrire les étapes physiologiques de l’acte de manger : ingestion, digestion et expulsion. Au final, cette exposition gargantuesque, qui multiplie les angles d’approche jusqu’à s’aventurer vers le mauvais goût (les jus d’excrément de Gasiorowski, la machine à caca de Delvoye…), se révèle passionnante, car, ici, peintures, dessins, sculptures, photographies et films montrent combien la création contemporaine revisite, avec variations et rebonds, l’infinie richesse plastique de la thématique art/nourriture. Bon appétit !