Alors que la tendance est à l’art monumental et à l’infiniment grand, l’exposition « Déboutonner la mode » aux Arts décoratifs célèbre le tout petit.
Cette exposition inédite dévoile une collection unique de 3 000 boutons qui a reçu, qu’on se le dise, le statut d’œuvre d’intérêt patrimonial majeur par la Commission des trésors nationaux. Ces petits trésors, on les doit à un collectionneur, Loïc Allio, qui a passé sa vie à les chiner. Chacun a une histoire, celle des guerres, des révolutions, des mouvements sociaux et des changements de mode. À travers un parcours chronologique étayé par de nombreux dessins, gravures, photographies, magazines de mode, l’exposition déroule l’histoire insolite de cet objet depuis le XVIIIe siècle où, d’accessoire et utile, il devient un objet de luxe, un véritable marqueur social : boutons tableaux, boutons bijoux dans leur écrin, boutons porteurs de messages, poétiques, politiques, humoristiques… Le premier niveau se termine par une série exceptionnelle de 792 pièces de Claude Hamm présentée sous forme de panneaux monumentaux. Comment capter le détail de ces centaines de pièces uniques ? Il faudrait prendre le temps – et pourquoi pas une loupe – pour observer tout l’art condensé dans ces quelques centimètres carrés. Boutons teints ou peints, sculptés de motifs stylisés de fleurs ou d’animaux dans un large éventail de matériaux allant du bois à la nacre en passant par la corne, la galalithe ou la céramique. Dans cette profusion contrôlée par une mise en scène raffinée, s’il fallait élire l’exceptionnel, ce serait les boutons inspirés des Fables de La Fontaine, et l’exquis reviendrait aux boutons de jarretière. Le parcours se poursuit au premier niveau avec les périodes Art nouveau et Art déco et l’apparition des paruriers, créateurs d’accessoires de bijoux et de boutons, étroitement liés aux grands couturiers : Elsa Schiaparelli, Balenciaga, Mme Grès, Chanel, Givenchy, Dior, Balmain. Le dernier axe de cette remarquable collection montre les pièces réalisées pour leurs modèles par des artistes célèbres : Lalique, Brandt, Giacometti, Jean Arp, Sonia Delaunay, Line Vautrin, François Hugo. Surprenant de découvrir l’intérêt que ces créateurs, souvent auteurs d’objets monumentaux, ont porté à cet objet banal. Intéressant de voir comment ils ont transposé leur champ d’application sur quelques centimètres carrés. Tous, en tout cas, lui ont donné avec brio ses lettres de noblesse.
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Abonnez-vous dès 1 €« Déboutonner la mode », Musée des arts décoratifs, 107, rue de Rivoli, Paris-1er, www.lesartsdecoratifs.fr
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°678 du 1 avril 2015, avec le titre suivant : Dessine-moi un bouton