Il est des collectionneurs compulsifs et fétichistes, d’autres qui spéculent et anticipent les fluctuations du marché.
Il existe aussi des collectionneurs sentimentaux qui rassemblent des objets dispersés pour les soustraire à l’abandon ou à l’oubli. Galeristes d’art contemporain établis à Thessalonique, les frères Kalfayan appartiennent à cette troisième catégorie. Enfants de la diaspora arménienne dont la famille a miraculeusement échappé au génocide, ils se considèrent comme les dépositaires d’une mémoire douloureuse et éclatée : celle d’une culture chrétienne d’Orient dont les actuels soubresauts de l’actualité montrent, hélas, qu’elle peut encore être menacée. De prime abord, le choix d’exposer cette collection à Genève peut surprendre… C’est méconnaître que la cité helvétique fut l’un des plus actifs centres d’action des mouvements révolutionnaires arméniens et qu’elle accueillit de nombreux réfugiés et orphelins. Choisis autant pour leur valeur sentimentale que symbolique, les objets de la collection Kalfayan retracent ainsi trois siècles d’histoire arménienne. Khatchkars (« pierres à croix ») transformés en fontaines, reliquaires et boîtes à encens ornés de scènes religieuses, vêtements liturgiques et tentures d’autel d’une délicatesse extrême, mais aussi savoureuses céramiques aux formes variées et manuscrits aux riches enluminures expriment, plus que tout long discours, la fierté et la singularité de ce peuple.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Des frères sur le chemin mémoriel
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Musée des Suisses dans le monde, Château de Penthes, 18, chemin de l’impératrice, Pregny Chambesy (Suisse), www.penthes.ch
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°681 du 1 juillet 2015, avec le titre suivant : Des frères sur le chemin mémoriel