Art ancien

Des bêtes et des hommes

Maison de la culture du Japon, Paris-15e – Jusqu’au 21 janvier 2023

Par Marie Zawisza · L'ŒIL

Le 3 janvier 2023 - 347 mots

Art Japonais  - Une jeune femme élégante au beau chignon « en forme de lanterne » – une coiffure à la mode au Japon à la toute fin du XIXe siècle – pose sa joue sur le pelage de son chat blanc, l’enveloppe de ses bras et lui gratouille le cou avec effusion.

Et, si l’on s’attarde sur l’estampe, on relève que le collier du félin est confectionné avec le même tissu que le col du kimono de sa maîtresse. Touchant ? Pour certains, peut-être. Mais l’estampe, qui fait partie d’une série représentant « Trente-deux façons d’être », s’intitule : Être agaçante. Le ton est donné. À travers son exposition centrée sur les liens des citadins japonais avec l’animal et la nature, à l’époque Edo, c’est avec tendresse, humour et légèreté que la Maison de la culture du Japon à Paris célèbre son 25e anniversaire. Au fil d’une centaine d’œuvres, en majorité des estampes, mais aussi des peintures, des documents historiques, des objets du quotidien ornés de motifs animaliers ou des jouets, on retrouve ainsi un peu le regard d’un zoologue américain, Edward Morse, découvrant avec étonnement la gentillesse des Japonais envers les animaux : « Au cours de mes nombreuses courses en pousse-pousse, j’ai remarqué avec quel soin les conducteurs évitaient chats, chiens et poules présents sur la route », écrit le voyageur à la fin du XIXe siècle. On voyage dans cette exposition comme lui, de surprise en surprise. Ici, on découvre que les Japonais remerciaient les rats, messagers du dieu de la richesse Daikokuten, pour leur présence chez eux, ou, plus loin, sur un magnifique paravent, que les concours de chant de caille avaient le pouvoir de réunir les catégories sociales les plus éloignées, guerriers, marchands ou moines. Là, on s’émerveille de la beauté de la faune sauvage des espaces naturels préservés autour de la ville, dans les magnifiques estampes d’Utamaro ou d’Hiroshige. Ailleurs, on s’amuse d’une estampe censée représenter un tigre arrivé au Japon en bateau en 1860 à la faveur de l’ouverture du pays à l’époque Edo, mais représentant en réalité… une panthère. Un délice pour petits et grands.

« Bestiaire japonais. Vivre avec les animaux à Edo-Tokyo (XVIIIe-XIXe siècle) »,
Maison de la culture du Japon, 101 bis, quai Jacques-Chirac, Paris-15e, www.mcjp.fr

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°761 du 1 janvier 2023, avec le titre suivant : Des bêtes et des hommes

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