PARIS
Espaces - Le rapprochement entre Farah Atassi (née en 1981) et Ulla von Brandenburg (née en 1974) est loin d’être évident.
La première est connue pour son langage pictural très codifié et géométrique ; la seconde déploie, à travers ses tableaux, sculptures, vidéos et installations, des illusions chatoyantes qui semblent surgies d’une autre époque. L’idée de les réunir dans une exposition vient de la commissaire, Marjolaine Lévy. En consacrant sa thèse d’histoire de l’art aux retours des avant-gardes, cette dernière a entrevu les liens entre les deux artistes, parmi les rares à s’intéresser aujourd’hui à la notion de spectacle et à traiter l’héritage du modernisme. Leur parenté secrète se révèle fertile. Même si l’on ne voit ici aucun tableau d’Ulla von Brandenbourg : ce sont ces immenses rideaux qui témoignent de son sens extraordinaire de la couleur et de l’espace, de la théâtralité. Leur présence, démultipliée par le film La Fenêtre s’ouvre comme une orange (sous les auspices d’Apollinaire et de Sonia Delaunay), où ces mêmes tentures définissent la scène, troublant les repères du spectateur : on a le sentiment de se glisser dans les coulisses, voire de devenir acteur de l’intrigue. C’est ce que suggère aussi le titre de l’exposition faisant référence à l’ouvrage de Guy Debord. Outre les textiles et les vidéos, trois maquettes d’Ulla von Brandenburg (Model I, II et III) figurent également à la Fondation Ricard, où elles sont montrées pour la première fois ; ces « teatrini » proposent, par le biais d’un changement d’échelle et d’une apparente fragilité, un autre rapport au jeu. De Farah Atassi, c’est notamment la série autour du cabaret qui est mise en avant, dont trois toiles réalisées spécifiquement. Dans Mechanical Cabaret 2 (2023), on retrouve ces jeux de motifs (un corset devient un élément d’architecture, les tentures suggèrent des renflements mammaires…) caractéristiques, qui prolongent, cadrés par les rideaux d’Ulla von Brandenburg un effet de mise en abyme ensorcelant.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Derrière la scène
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°774 du 1 avril 2024, avec le titre suivant : Derrière la scène