Déplacer des montagnes

D’abord par la provenance des quelque 200 photographies exposées, issues de diverses collections suisses, dont certaines peu explorées jusqu’ici, telle celle du Musée alpin suisse d’où proviennent quelques tirages d’auteurs prisés du XIXe, comme Auguste-Rosalie Bisson ou encore William Henry Jackson. Le deuxième intérêt du propos réside dans le mélange des régions montagneuses couvertes, des Alpes à l’Amérique du Nord ou l’Asie, même si les Alpes dominent. Car avant de vouloir identifier ce que l’on regarde, il s’agit de saisir l’évolution des approches visuelles, de la naissance du médium aux années 1940. Sommets, glaciers, grottes et expéditions : le spectaculaire domine jusqu’au début du XXe siècle. L’ascension et la prise de vue relèvent de l’exploit, les paysages du grandiose, du mystique. L’intérêt porté par la suite aux scènes d’alpage, de village ou de fête émane parfois de photographes ambulants talentueux comme Roberto Donetta qui tire aussi des portraits à la demande. Du développement du chemin de fer et du tourisme émergent d’autres types d’images. Troisième point fort de l’exposition : la carte blanche donnée par le musée à quatre artistes contemporains. Leur approche nous projette dans des créations totalement différentes, toutes nées dans l’atelier, soit à partir de procédés anciens – c’est le cas pour Ester Vonplon et Mauren Brodbeck –, soit – partir d’images récupérées sur Internet, base de la gigantesque fresque d’Anastasia Samoylova sur la façade du musée.