En partenariat avec le Musée des beaux-arts de Rennes et le Musée Estrine de Saint-Rémy-de-Provence, qui l’exposeront par la suite, le Frac Auvergne, sous la houlette de son directeur Jean-Charles Vergne, consacre une rétrospective à Denis Laget, peintre figuratif français peignant par séries, né en 1958 à Valence et enseignant aux Beaux-Arts de Saint-Étienne depuis 1991.
Sur deux niveaux, le parcours, regroupant cent quarante tableaux accompagnés de quelques dessins et photographies, revient sur trente-cinq ans de peinture au cours desquels l’artiste a peint des crânes, des portraits, des citrons, des harengs, des paysages, des fleurs, des chiens et, tout dernièrement, des feuilles de figuier… « Ce n’est pas de la provocation, explique-t-il, mais c’est vrai que je suis contre l’idéologie de l’avant-garde. Imaginez donc, j’expose le pire du pire : de la peinture, des petits formats et des pots de fleurs ! » S’apparentant à un cabinet de curiosités, le circuit s’avère fascinant ; ce peintre en marge du système – il pratique la peinture en dandy et ne se reconnaît que quelques maîtres (Vallotton, Segantini, Corinth…) – transcende des sujets banals par la magie de sa peinture bricolée, souvent mise à mal par une pâte épaisse venant fougueusement saturer l’espace du tableau. Ses crânes boueux, desquels parfois émerge une fleur, sont tous des memento mori et ses paysages urbains, fonctionnant tels des territoires flottant à perte de vue, sont constamment sous le feu des métamorphoses : une forme en chasse une autre, la ligne d’horizon devient une jetée, qui à son tour se transforme en un train fantôme filant dans la nuit. Bref, au Frac Auvergne, Laget donne rendez-vous aux visiteurs à la station « Peinture », en partance pour un ailleurs hanté par la mort. Bon voyage crépusculaire…
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°726 du 1 septembre 2019, avec le titre suivant : Denis Laget, peintre du pas de côté