Le CNCS expose laborieusement la question passionnante et complexe de l’influence des costumes de scène sur les habits de ville.
MOULINS (ALLIER) - Une fois n’est pas coutume, l’exposition du Centre national du costume de scène (CNCS) entend répondre, par un parcours chronologique, à une problématique précise. « Quelles relations entretiennent les costumes de scène et les costumes de ville du XVIIIe siècle à nos jours ? », telle est la question que posent Catherine Join-Diéterle, ex-directrice du Palais Galliera, et Sylvie Richoux, responsable du département des collections au CNCS ; la réponse apportée étant que les premiers ont souvent inspiré les seconds.
Le CNCS, qui conserve et présente essentiellement des costumes de spectacle, s’ouvre ainsi véritablement et pour la première fois à l’habillement quotidien (la mode), grâce à de beaux prêts du Palais Galliera, du Musée du costume de Château-Chinon (Nièvre) ou du Musée des tissus de Lyon. Les vêtements de scène des périodes les plus anciennes (XVIIIe et XIXe siècle) ayant souvent été perdus, ils sont essentiellement présentés au travers de dessins, de gravures ou de peintures, accrochés dans leur état authentique ou reproduits en fac-similé. L’exposition repose sur des questions aussi passionnantes que complexes d’influence et de transferts artistiques, c’est pourquoi il est essentiel pour le visiteur de discerner les liens entre les pièces choisies.
Malheureusement, les espaces d’exposition du CNCS, constitués de vitrines installées de façon permanente pour accueillir des costumes, ne sont pas spécialement adaptés à la comparaison et à la confrontation de médiums différents. Les pièces d’art graphique ont été placées à distance des vêtements sur des cimaises, ce qui a pour conséquence d’alourdir les textes, censés éclairer des rapports entre les œuvres que la scénographie ne permet pas toujours de visualiser.Démarche fort louable de l’exposition, qui trahit aussi la conscience d’une visite un peu laborieuse (surtout quand les cartels sont éloignés des pièces auxquels ils se réfèrent), un hologramme très bavard à l’effigie de la commissaire refait patiemment la médiation dans plusieurs salles.
Malgré une certain nombre de petits défauts, l’exposition n’en tisse pas moins des liens très convaincants, montrant comment la mode des tenues de fausses paysannes prisées par l’aristocratie du règne de Louis XVI a été lancée par Madame Favart sur la scène des Amours de Bastien et Bastienne en 1753 ; comment Sarah Bernhardt a transporté à la ville la cape à col relevé qu’elle portait dans Hernani en 1877 (et que les Parisiennes ont repris à leur tour) ; ou comment les Ballets russes ont inspiré à Jeanne Lanvin ses créations de haute couture à damiers et à losange.
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De la scène à la ville
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Jusqu’au 17 septembre, Centre national du costume de scène, quartier Villars, route de Montilly, 03000 Moulins.
Légende Photo
Costume de Christian Lacroix pour la comédie-musicale L’As-tu revue ? de P. Thomere, Opéra-Comique, 1991. © Photo : CNCS/Pascal François.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°479 du 12 mai 2017, avec le titre suivant : De la scène à la ville