Le Frac Franche-Comté propose pour l’année 2020 une saison consacrée à la danse, en dialogue avec les arts visuels.
Si l’exploration des liens qui unissent les deux disciplines est une véritable tendance aujourd’hui, « Dancing Machines », première d’un cycle de trois expositions, aborde ce thème de manière originale. Il s’agit en effet de s’intéresser aux contraintes internes du corps humain à travers un riche éventail de propositions plastiques émanant d’artistes mais également de chorégraphes. Idéal, meurtri, décomposé, érotisé, substitué ou encore augmenté, le corps est représenté sous toutes ses formes et dans tous les médiums. Ainsi, un film d’animation des frères Lumière et des « objets chorégraphiques » de William Forsythe côtoient des photographies d’Agnès Geoffray et de Jürgen Klauke, mais également une installation participative de La Ribot et une vidéo hypnotique de Justine Émard. Les visiteurs sont invités à interagir avec les œuvres, à les manipuler et à les expérimenter avec leur propre corps, ainsi qu’à interroger leurs déplacements et leurs mouvements dans l’espace. L’exposition propose, selon la co-commissaire Sylvie Zavatta, une « traversée des représentations subjectives, idéologiques et politiques de l’humain au regard du monde dans lequel il évolue ». Le projet, ambitieux, est réussi. Questionnant la place du corps dans la société, ses potentialités et ses limites, les œuvres présentées mènent à des réflexions critiques fécondes sur les conflits, les identités sexuelles et de genre ou encore les avancées technologiques.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°733 du 1 avril 2020, avec le titre suivant : Danse des corps contraints