Dansaekhwa, l’exigence sud-coréenne

Il y va tout à la fois d’une économie de moyens minimaliste, d’une réflexion sur le statut du tableau, d’une préoccupation monochrome et d’un registre abstrait, voire sériel. Aussi les notions de geste, de rythme, de variation et de système fondent-elles leurs travaux dans une qualité qui leur est singulière à l’écho du contexte socio-politique dans lequel ces artistes ont œuvré. L’exposition de la Fondation Boghossian qui s’offre à leurs œuvres comme un superbe écrin des années 1930 – la première du genre en Belgique – est un pur moment de bonheur visuel. Qu’il s’agisse des puissantes peintures de Lee Ufan et de Park Seo-Bo, de celles d’un artiste tout aussi essentiel par la sensualité de sa touche, Chung Sang-Hwa, de celles brutes de matière de Ha Chong-Hyun, de celles de Kwon Young-Woo mettant à l’épreuve le papier, son support de prédilection, c’est, chaque fois, la même façon de transcender la notion d’image pour l’élever à la dimension de l’icône. On ne dira jamais assez la force d’évocation spirituelle de cette exigeante peinture sud-coréenne qui ne cède à aucun effet de mode et qui détermine l’un des temps forts d’une histoire prospective de la peinture. Elle invite le regard à l’expérience d’un espace de méditation unique en son genre.