Ceux qui ont déjà eu la chance de visiter une exposition au Musée des beaux-arts de Montréal le savent : l’établissement s’est fait une spécialité de l’organisation de manifestations très solides sur le plan scientifique, mais mises en scène de manière spectaculaire.
Sa nouvelle proposition ne déroge pas à la règle. Fruit de cinq années de travail, accompagnée d’un catalogue qui fera date, et nourrie des prêts de cinquante collections différentes, l’exposition consacrée à la vie de cour sous Napoléon Ier est une magistrale réunion d’œuvres et d’objets d’art, mais aussi une véritable expérience. Si de nombreuses expositions ont déjà largement abordé la personnalité du mythique caporal, aucune ne s’était en revanche focalisée sur la « Maison de l’Empereur ». Une machine à gouverner, composée de 3 500 employés, attachée au service de la vie quotidienne et cérémonielle de Napoléon Ier et de ses proches. Le parcours s’emploie à faire ressentir au visiteur le faste hallucinant qui régnait dans les palais impériaux, mais aussi l’atmosphère de la vie de cour, tout en décryptant la construction de la propagande iconographique et les enjeux de cette mise en scène permanente du pouvoir. Les œuvres n’ont pour la majorité jamais été montrées en Amérique du Nord, sont même, pour certaines, totalement inédites, à l’image de l’extraordinaire table des palais impériaux. Peintures, sculptures, porcelaines, meubles ou pièces d’orfèvrerie, les pièces rassemblées ont pour dénominateur commun d’incarner ce moment d’excellence dans tous les arts qu’a représenté l’Empire. Ces objets sont magnifiés par une scénographie extrêmement inventive et pleine de surprises, qui multiplie les dispositifs muséographiques et les atmosphères d’un chapitre à l’autre. L’immense salle du trône est par exemple un modèle du genre. Baignée d’une subtile musique, elle rassemble des vêtements, des tableaux, du mobilier et des tapisseries dans un décor très évocateur. Le tout sans succomber à la tentation du pastiche. Bravo !
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°711 du 1 avril 2018, avec le titre suivant : Dans la peau d’un courtisan de Napoléon