Art contemporain

Auberive (52)

Dado, génial et fantastique

Abbaye d’Auberive Jusqu’au 27 septembre 2015

Par Fabien Simode · L'ŒIL

Le 26 août 2015 - 341 mots

Pour paraphraser un critique d’art injustement oublié (Georges Limbour) à propos d’un artiste inexplicablement écarté (Dado) : en dehors des grands chemins de la peinture, dans les régions marginales et troubles de l’art où s’accomplit le destin de créateurs étranges et attirants, la peinture de Dado propose ses énigmes.

Pour qui ne connaît pas encore le travail de l’artiste, Dado (1933-2010) est un peu notre Bacon monténégrin ; un Bacon qui serait né de l’union des cerveaux d’Hans Bellmer et de Louis Pons. C’est tout à la fois un très grand dessinateur et un excellent graveur, un peintre génial et un sculpteur qui se défend lorsqu’il lui faut le faire, comme après l’incendie de son atelier d’Hérouval en 1988. Ses œuvres possèdent tout : la dextérité de Rembrandt, l’imagination de Jérôme Bosch, la composition d’un Brueghel et l’acuité du copain Topor. Oui, c’est tout cela dans un seul homme Dado, né Miodrag Djuric. Et bien plus encore, comme le montre l’exposition que lui consacre l’abbaye d’Auberive, abbaye cistercienne du XIIe siècle transformée en centre d’art par le collectionneur Jean-Claude Volot et sa fille Alexia. Bien sûr, on pourrait reprocher à cet accrochage de ne montrer qu’une sélection d’œuvres issues de quelques collections privées et donc, par définition, une vision fragmentaire de l’œuvre de Dado. Ou de manquer d’outils pédagogiques, à commencer par des cartels explicatifs. On pourrait le faire mais on ne le fera pas, car « Dado Horama » – horama signifie la vision – déroule plus de 80 œuvres de 1954 à 2009. Une rétrospective donc, comme on la rêverait au Centre Pompidou, qui possède des œuvres de l’artiste entrées dans la collection par la donation Cordier, mais qui malheureusement ne la rêve pas. Trop difficile à défendre sans doute : ces corps écorchés comme sortis d’un film de Giger, ces bébés gonflés à l’hélium, ces sexes érigés et « ce monde de chair fraîche et de corps d’hôpital », dont parle Limbour… Dans son pays, Dado a eu le droit à des funérailles nationales. En France, il a les honneurs du centre d’art privé d’Auberive.

« Dado Horama »

abbaye d’Auberive (52), www.abbaye-auberive.com

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°682 du 1 septembre 2015, avec le titre suivant : Dado, génial et fantastique

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