Le Musée des beaux-arts de Mons consacre à la star américaine David LaChappelle l’une de ses plus ambitieuses rétrospectives.
Tapissées sur les murs tout au long du parcours, les œuvres montrent l’évolution du photographe. Corps nus, scènes pornographiques, signes et symboles de la société consumériste, les célèbres photographies de David LaChapelle ont rythmé les couvertures des magazines de modes, les pochettes d’albums et les publicités depuis les années 1990. Mais, une fois qu’on creuse, ces œuvres pop et divertissantes ne dévoilent-elles pas une certaine vacuité ?
Face à elles, le regardeur se dit probablement, à l’image de Baudrillard : « Il doit y avoir un angle sous lequel toute cette débauche inutile de sexe et de signes prend tout son sens. » S’agit-il d’une critique de la société capitaliste, à l’image de la série Gas Station, qui figure des stations-service laissées vides au milieu de la nature, forcément mortelles, déclinantes face à un environnement qui triomphe toujours ? Est-ce un Memento mori ? Le musée confirme en effet que l’œuvre du photographe est une « analyse critique mordante et approfondie de la société contemporaine ». David LaChapelle figurerait ainsi la « contrefaçon de la réalité ». Et pourtant, difficile de voir l’artiste en figure rebelle. Alors, le regardeur, comme le critique, reste dans l’ambiguïté, ne sachant pas s’il y a véritablement critique ou pas.
Ambiguïté que le musée présente au demeurant comme une force. En tout cas, cette ambiguïté lui a ouvert les portes du Musée des beaux-arts de Mons, ce qui lui confère sans aucun doute une valeur artistique, valeur que LaChapelle convoite forcément…
« David LaChapelle. After the Deluge »,
BAM, rue Neuve 8, Mons (Belgique), www.bam.mons.be
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°709 du 1 février 2018, avec le titre suivant : Critique du spectacle ou spectacle de la critique ?