ORNANS
Nouvelle conversation au sommet au Musée Courbet ! Non pas un sommet enneigé d’Hodler ou celui ensoleillé de la Sainte-Victoire de Cézanne, présentés lors de précédentes expositions-dialogues, mais celui de la création : Picasso.
Si la filiation de Picasso avec Vélasquez, Delacroix, Ingres, Manet ou Cézanne va de soi, celle avec Courbet est en revanche moins évidente. Elle existe pourtant, Picasso n’ayant pas caché son respect pour l’inventeur du réalisme. Dans Vivre avec Picasso, Françoise Gilot rapporte que Picasso voyait dans Courbet celui qui « découvrit un nouveau sujet » : le réalisme. « En plaçant ses modèles dans la nature, Courbet a tourné une page [l’académisme, ndlr] et lancé la peinture vers cette nouvelle direction qu’elle suivit pendant des années. » Ce n’est toutefois pas sur le terrain de la filiation que se place l’exposition d’Ornans, mais sur celui de la parenté en établissant un parallèle entre ces deux révolutionnaires. Dès la première salle, « Courbet-Picasso, Révolutions ! » prévient qu’elle évitera le jeu des comparaisons, en présentant les moulages en plâtre des mains droites des deux artistes ainsi qu’un autoportrait, genre apprécié des deux peintres. Le dialogue entre Courbet et Picasso se situe donc ailleurs, sur leur rapport comme sur leur apport aux sujets de la peinture (le nu féminin), sur leur sensibilité à la justice sociale (la misère) et sur leur nécessaire « liberté ». L’exposition rappelle en effet que, peintres libertaires et indépendants, Courbet et Picasso ne firent pour autant jamais passer leurs idées politiques avant la peinture. La dernière section du parcours, qui présente non loin d’un Crâne de chèvre de Picasso la Tête de chamois de Courbet (qui appartint au peintre espagnol), rapproche Les Demoiselles des bords de la Seine (1857) du maître d’Ornans, conservée au Petit Palais, de sa réécriture par Picasso en 1950, conservée au Kunstmuseum de Bâle – rapprochement déjà effectué en 2008 dans « Picasso et les maîtres ». De largeurs identiques, les deux toiles se prêtent cette fois au jeu des sept erreurs, dont il ressort que Picasso a omis de peindre le chapeau d’homme dans la barque, comme pour amplifier la dimension saphique du tableau… Pas de doute, Picasso a bien dialogué avec Courbet.
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Courbet et Picasso, conversation au sommet
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°747 du 1 octobre 2021, avec le titre suivant : Courbet et Picasso, conversation au sommet