Bruxelles expose une partie du fonds prestigieux de la Galleria Sabauda de Turin. L’accrochage n’est malheureusement pas à la hauteur.
BRUXELLES - Créée en 1832 pour présenter la collection de la cour de Savoie, la Galleria Sabauda de Turin, installée dans le palais de l’Académie des sciences, doit bientôt déménager pour des espaces plus grands au sein de la nouvelle aile du palais royal de la capitale piémontaise. L’opération s’inscrit dans un vaste projet qui vise à réorganiser et rapprocher l’ensemble des musées du quartier historique de Turin. L’entreprise doit s’achever à l’horizon 2011, pour les célébrations du 150e anniversaire de l’unité italienne dont Turin fut un temps la capitale sous l’étendard des Savoie. Pendant ces travaux d’aménagement, la collection de la Galleria Sabauda voyage, du moins en partie. Une centaine de pièces font actuellement escale à Bruxelles, au Palais des beaux-arts. L’institution belge retrace l’histoire de la collection et évoque, plus largement, le goût en vogue à la cour de Savoie du XVe au XIXe siècle. Fort du succès de la manifestation « Collections d’art en Flandre : d’Ensor à Bosch », le Palais des beaux-arts s’est à nouveau associé à la Vlaamse Kunstcollectie – institution regroupant le Musée Groeninge à Bruges, le Musée des beaux-arts de Gand et le Musée royal des beaux-arts d’Anvers. C’est ainsi qu’a pu être réalisée au préalable une étude détaillée des œuvres. L’exposition sonne comme une véritable déclaration d’intention de la part des musées belges, désireux, à terme, de collaborer régulièrement avec la Galleria Sabauda, réputée pour la richesse de ses peintures flamandes. En témoignent la sélection des toiles ici présentées : des portraits officiels de Van Dyck, trois tableaux de Rubens – Hercule dans le jardin des Hespérides et son pendant, Déjanire tentée par Fama, réalisées vers 1638 ; La Résurrection de Lazare (peinte avant 1620 avec son atelier) –, sans oublier La Vanité de la vie humaine, tableau à quatre mains exécuté par Rubens et Jan Brueghel l’Ancien. La scénographie déçoit malheureusement par son accrochage hasardeux : tableaux placés au ras du sol, certains étant à peine visibles tandis que d’autres sont accolés de manière grossière. Moins pardonnable encore, la mauvaise qualité de l’éclairage nuit à la lisibilité des peintures qu’il faut aborder de biais sous peine d’être ébloui par la réflexion de la lumière sur le vernis. Et que dire des manuscrits du Quattrocento maladroitement présentés à plat ? Impossible néanmoins de bouder son plaisir devant la richesse de ce beau catalogue. Aux tableaux caravagesques, tels Saint Paul apôtre de Claude Vignon et l’Annonciation d’Orazio Gentileschi – la toile fut offerte en 1623 par l’artiste au duc de Savoie – succèdent Le Fils prodigue (1617) du Guerchin et le Saint Jean-Baptiste au désert de Guido Reni. La collection témoigne aussi d’un goût prononcé pour la nature morte, avec une Corbeille de fruits et coupe de mûres d’Isaak Soreau ou ces deux tableaux de Cornelis de Heem : Fruits, fleurs, champignons, insectes, escargots et reptiles et Vase avec fleurs et insectes (début des années 1670). La petite toile de Gottfried Wals offre, quant à elle, un bel exemple des paysages rassemblés au cours des XVIIe et XVIIIe siècles. Parmi les nombreuses toiles du XVIIIe siècle, citons enfin la lumineuse Vue de Turin depuis le jardin royal (1745) de Bellotto. Autant de chefs-d’œuvre qui méritaient, décidément, meilleur traitement.
DE VAN DYCK A BELLOTTO. SPLENDEURS A LA COUR DE SAVOIE, jusqu’au 24 mai, Palais des beaux-arts, Rue Ravenstein 23, Bruxelles, tél. 32 2 507 82 00, tlj sauf lundi, 10h-18h, jusqu’à 21h le jeudi, www.bozar.be. Catalogue, 252 p., 35 euros, ISBN 978-88-422-1677-3.
DE VAN DYCK A BELLOTTO
Nombre d’œuvres : 120
Commissaire : Carla Enrica Spantigati, surintendant du Patrimoine historique, artistique et ethno-anthropologique du Piémont, Italie
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Collectionnite aiguë
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°299 du 20 mars 2009, avec le titre suivant : Collectionnite aiguë