Claude Lévêque - Lunatisme

L’artiste hyperactif souffle ainsi le chaud et le froid, l’excellence et le moins bon, en quelques soixante-dix kilomètres de distance. À Tours, l’installation, frontale et sans nuance, ne transporte pas autant que celle, grandiose, magique, vénéneuse, plongeant dans une torpeur hypnotique le grand dortoir abbatial. Des barques ligériennes transformées en reposoirs laissent le visiteur s’abandonner au tintinnabulement songeur qui ponctue l’espace en résonance avec une longue ligne sinusoïdale de lumière incarnate. Une « aurore boréale » de synthèse infiniment plus inspirante que le mouvement d’humeur tourangeau : X de néons vengeurs et de fils barbelés dans un espace passé au goudron. Et sans autre trace de la pop acidulée d’Elli et Jacno, à qui Claude Lévêque a emprunté son titre, on n’adhère pas à cette proposition trop binaire.

Décidément, l’artiste n’est jamais autant convaincant qu’avec ses emportements songeurs et les pièces si nostalgiques de ses débuts, qui introduisent chaque nouvelle installation – La  Nuit (1984) à Fontevraud et Anniversaire I (1983) à Tours. C’est donc un Claude Lévêque lunatique qui convainc de son talent d’enchanteur et déçoit par ses énervements plastiques.