Chéri Samba en majesté

Depuis, sa notoriété ne cesse de grandir jusqu’à devenir « universelle », comme il aime à le clamer avec fierté. Le Musée Maillol lui consacre une ambitieuse exposition, rassemblant une cinquantaine de toiles provenant de la collection de Jean Pigozzi, l’une des plus importantes d’art africain au monde. Couvrant 40 ans de création – depuis les années 1970 à aujourd’hui –, l’exposition se déploie en cinq parties thématiques sur les deux étages du musée parisien, avec une scénographie colorée et didactique qui sied parfaitement aux œuvres : des toiles figuratives au chromatisme vif, parfois rehaussées de paillettes et sur lesquelles des textes viennent souvent compléter le message. Celui qui se dit « peintre journaliste » est un observateur, et cela se ressent dans ses œuvres. S’y côtoient en effet des scènes de la vie quotidienne à Kinshasa, de nombreux autoportraits, mais également des tableaux s’emparant de sujets d’actualité, – du 11 septembre à la crise du sida ou au virus Ebola. Si Chéri Samba questionne l’histoire de l’art, et notamment la place faite à l’art africain dans les institutions occidentales, de façon savoureuse, sa manière de représenter les femmes l’est moins. Avec parfois l’envie délibérée de provoquer, où sous couvert de retranscrire avec sarcasme des mœurs de son pays, les représentations féminines ne se défont guère de stéréotypes éculés, parfois empreints d’un sexisme latent. On aurait d’ailleurs pu se passer du rapprochement final autour du nu féminin avec Aristide Maillol, « un autre artiste qui aimait les femmes ».