PARIS - Moustache frémissante et chapeau melon, la silhouette dodelinante de Charlot s’exhibe cet été dans un lieu d’exposition.
« Chaplin et les images » au Jeu de paume à Paris nous plonge avec ravissement dans les archives cinématographiques de Charles Spencer Chaplin dit « Charlot ». Entre deux moulinets de l’illustre canne de ce mythique personnage, on parcourt une exposition en noir et blanc qui colore nos joues de plaisir et ne laisse pas une seconde nos zygomatiques en paix ! Muet, Charlot est pourtant expressif à souhait. Le sourcil alerte, la mimique facile et le corps qui épouse les émotions, l’acteur s’adonne tout entier à une chorégraphie burlesque. Des photogrammes de ses premiers courts métrages, des photographies de plateau ou de studio, des making off, des extraits de films sur grand écran, des affiches rares, des coupures de presse et des œuvres d’artiste…, l’histoire qui se dessine est celle d’une icône du cinéma muet dont la carrière et la vie semblent s’être naturellement superposées.
L’exposition insiste justement sur la création tâtonnante de ce vagabond du début du siècle au regard affecté et au sourire oblique qui erre dans les rues de la ville et se livre à toutes sortes de pitreries, coups pendables et menus larcins. Petite frappe mesquine et sans envergure à ses débuts en 1914, ce freluquet en costume trois-pièces se taille en une année une étoffe de romantique humaniste. En effet, Chaplin le cinéaste a pris les manettes et contrôle désormais son personnage de A à Z par la réalisation et le montage. Charlot boxeur, soldat, patineur ou tout simplement amoureux de la pétillante Mabel… L’acteur est aussi capable de nous arracher des larmes, ainsi avec The Kid (1921). L’exposition du Jeu de paume révèle ici ses talents de chorégraphe et de performeur qui sait mieux que personne capter la caméra. À partir de 1925, Charlot devient porteur de messages plus socio-politiquement affirmés. C’est à cette époque que les films qui ont fait sa légende sont produits : La Ruée vers l’or (1925), Les Lumières de la ville (1931), Les Temps modernes (1936). La tragédie commence à entrer en jeu avec le Dictateur (1940) ou Monsieur Verdoux (1947). Et en 1952, dans Les Feux de la rampe, Chaplin figure symboliquement avec la mort d’un vieux clown le déclin de la carrière d’un acteur trop expressif pour céder à la tentation du cinéma parlant.
Jusqu’au 18 septembre, Jeu de paume, site Concorde, 1, place de la Concorde, 75008 Paris, tél. 01 47 03 12 50, tlj sauf lundi 12h-19h, mardi jusqu’à 21h, le week-end à partir de 10h. Les cinémas MK2 présentent une version restaurée de Monsieur Verdoux à partir du 8 juin et sortent à la fin 2005 des versions restaurées des films Le Kid, Le Cirque et La Ruée vers l’or.
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Chaplin et les images
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Abonnez-vous dès 1 €- Commissaires : Sam Stourdzé et Christian Delage - Exposition réalisée avec le soutien de l’association Chaplin et coproduite avec la Kunsthal, Rotterdam, et les Deichtorhallen, Hambourg.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°219 du 8 juillet 2005, avec le titre suivant : Chaplin et les images