En juin 2013, René Burri décidait de déposer l’ensemble des archives de sa fondation au Musée de l’Élysée.
Recrutée pour traiter le fonds, Mélanie Bétrisey fut impressionnée par son volume mais aussi surprise par sa diversité, notamment par les dessins puis les collages auxquels le photographe se livra régulièrement depuis son enfance. Six ans après la disparition du célèbre photographe de Magnum, la rétrospective qu’elle cosigne aujourd’hui avec Marc Donnadieu, conservateur en chef du musée, surprend à son tour par la diversité des pratiques et la formidable créativité dont fit preuve l’artiste tout au long de sa vie. L’itinéraire, présenté de manière chronologique, réussit à ce titre à dresser un portrait des plus vivants et des plus sensibles à la fois de l’homme et du photographe. Sans cartels ni explications aux murs, juste par une simple ligne de vie courant de salle en salle, entrecoupée de focus sur tel ou tel aspect de son travail, se devine une existence, une personnalité et une vision de la photographie, de l’actualité et du monde. Les photographies ou documents divers, dessins, collages et petits écrans vidéo, mis bout à bout et au même niveau, happent le visiteur par leur variété et leur contenu souvent inédit, tandis que les focus sur le cinéma, l’autoportrait, la Chine, le Che ou Magnum développent tour à tour des points particuliers de l’itinéraire ou de l’œuvre. Charge au livret remis à l’entrée de donner les explications nécessaires. Car l’important, ici, est de regarder ce qui est donné à voir et à entendre du cheminement d’un homme né en Suisse le 9 janvier 1933, formé à l’école des arts appliqués de Zurich et fasciné par le cinéma. René Burri se rêva cinéaste, il devint photographe, et un des plus marquants de sa génération, mais sans pour autant reléguer ses activités de cinéaste ni son besoin de dessiner ou de réaliser des collages où que ce soit, chez lui ,en vacances, dans un avion, un train ou en reportage. Il n’est pas question ici d’hagiographie mais d’une vie curieuse des autres et dont les autoportraits réalisés tout au long de son existence s’amusent du photographe reporter qu’il fut.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°733 du 1 avril 2020, avec le titre suivant : Ce que disent les archives Burri du photographe