Pour la relance de ses activités, le Mac/Galeries contemporaines des Musées de Marseille présente une programmation en trois temps. Au côté d’une exposition de Gilles Barbier et d’un espace consacré à un projet de Bruno Peinado, une présentation des collections permanentes souligne les perspectives entamées par les travaux de ces deux derniers.
MARSEILLE - Comme les iMac en céramique déposés par Bruno Peinado dans ses salles, le Musée d’art contemporain de Marseille (Mac) semblait bloqué sur le “mode veille” depuis quelques saisons. Mais l’heure de la réactivation a sonné, cet été, pour cette institution restée acéphale pendant plus de deux ans avant le recrutement de sa nouvelle directrice, Nathalie Ergino. Quant au bâtiment, sujet à de récents travaux de mise aux normes, il attend encore quelques réajustements, signalés pour l’heure par une intervention picturale de Stéphane Calais à même la vitrine du hall d’accueil. Pilier de la scène marseillaise et largement reconnu à l’échelle nationale, Gilles Barbier a été en toute logique choisi pour rouvrir le lieu. Majoritairement composée de pièces produites pour l’occasion, son exposition, “Pique-nique au bord du chemin”, poursuit les thèmes fictionnels chers à l’artiste, attaché à la description de la “porno-sphère”, signalée à l’entrée par un panneau Welcome to Porno City. Clone éventré d’un Barbier dont les organes prennent le large, canotier proférant des insultes, vidéo projecteur profitant du délai entre deux séances (XYZ : bande annonce) pour passer quelques clichés X, ou encore manifestation de produits dérivés sont quelques-uns des intrus postés par l’artiste dans le réel – au même titre que des trous creusés et rebouchés de façon invisible dans le gruyère (Seven ways to fake a perfect skin) !
Destiné à une programmation plus souple, la “[mac] room” adjacente accueille, elle, Basses rés(v)olutions. Conçu par Bruno Peinado à partir d’un ensemble acquis en 1999 par le Fonds régional d’art contemporain de Provence-Alpes-Côte d’Azur, ce projet évolutif s’est enrichi d’œuvres récentes. Passant en deux salles de la couleur au noir et blanc, Peinado manie sur les murs les définitions de l’image, inverse les slogans, mythes (Mai 68, Mandela), mythologies (Barbapapa) avec une dextérité et une efficacité quasi exaspérantes. “Recycleur” et pourvoyeur de slogans, l’artiste a ainsi posé sur les murs ornés à la va-vite d’une fresque arc-en-ciel les lettres composant le mot “Bâtard”. Une typographie à double tranchant qu’il souhaitait originellement adresser à la population phocéenne sur le modèle du “Hollywood” de Los Angeles. Saturé par le nombre de pièces présentes, dessins et installations, l’espace acquiert une dynamique d’ensemble forte, même si l’accrochage se fait au détriment de quelques œuvres. Peut-être est-ce là la marque du Mac, bâtiment réaménagé au début des années 1990 et dont l’architecture en travées et le sol marbré n’ont jamais cessé de se rappeler au bon souvenir des artistes et conservateurs ?
Troisième temps dans la réouverture du musée, l’exposition des collections permanentes réussit à rythmer cette structure longiligne. Elle se méfie d’un simple étalage hagiographique pour préférer deux accrochages thématiques, placés dans la prolongation des manifestations déjà mentionnées. Baptisés “Économie de moyens” et “Habiter l’exposition”, ces deux parcours font largement appel à des prêts, et intègrent des pièces très récentes. Ainsi, composée d’un banc et d’un haut-parleur, la Ligne ouverte n° 1 de Francesco Finizio est là pour recueillir, par voie téléphonique (04 91 25 07 84), les airs incessants qui vous trottent dans la tête. Mais le Mac n’oublie pas pour autant de placer ses classiques comme la Table de billard conçue par Gabriel Orozco en réponse au plan ovale de la chapelle de la Vieille Charité de Puget, ou encore Fernquartett 1, un ensemble d’autoradios et de radiocassettes de Dieter Roth. L’artiste, aujourd’hui décédé, était un proche du musée, il y résida littéralement durant l’été 1997. Une façon plus que concrète d’“habiter l’exposition”.
- GILLES BARBIER, BRUNO PEINADO, STÉPHANE CALAIS, COLLECTION, jusqu’au 30 septembre, Mac/Galeries contemporaines des Musées de Marseille, 69 avenue d’Haïfa, 13008 Marseille, tél. 04 91 25 01 07, tlj sauf lundi et jours fériés, 11h-18h.
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Ça se passe comme ça (au Mac)
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°131 du 31 août 2001, avec le titre suivant : Ça se passe comme ça (au Mac)