MONTPELLIER
Tout l’été, le Musée Fabre de Montpellier célèbre Vincent Bioulès, natif de la ville (1938), via une grande rétrospective (plus de deux cent vingt œuvres réunies) témoignant de l’amplitude de sa démarche artistique : que de chemin parcouru depuis Supports/Surfaces, avant-garde conceptuelle dont Bioulès a inventé le nom en 1969, aux côtés de Dezeuze, Viallat et autres Saytour, jusqu’à une peinture figurative actuelle revisitant, avec maestria, les grands genres : le paysage, le portrait, le nu… Ce vaste panorama se déploie non seulement dans les espaces d’expositions temporaires du Musée Fabre, mais aussi dans les salles contemporaines du parcours permanent des collections du musée où sont exposées des œuvres des groupes ABC Productions (fondé en 1969 par Bioulès) et Supports/Surfaces.
Le cheminement se poursuit à l’hôtel de Cabrières-Sabatier d’Espeyran où est présentée une sélection de portraits en pied et d’études préparatoires. Puis, concomitamment à cet événement, le Moco, nouveau lieu dédié à l’art contemporain, réactive dans Montpellier le projet « 100 Artistes dans la ville » organisé en mai 1970 par ABC Productions. Il ressort de tout cela que, malgré les nombreux chemins de traverse empruntés, Vincent Bioulès accomplit, depuis soixante ans de création, un parcours pictural extrêmement cohérent : sa figuration chatoyante d’aujourd’hui, affirmant la sensation de l’espace et la stylisation du motif, n’aurait pu exister sans l’abstraction radicale de Supports/Surfaces. Enfin, au vu de l’impact visuel de ses toiles toutes périodes confondues, de sa foi inébranlable en la peinture ainsi que de son bonheur (contagieux !) de peindre, il est évident qu’on est, avec Bioulès, devant l’un des grands peintres français contemporains vivants.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°725 du 1 juillet 2019, avec le titre suivant : Bioulès in extenso