Bertrand Lavier, alchimiste de la couleur

Ami de longue date du propriétaire Philippe Austruy, l’artiste est familier des lieux et y fait, pour la première fois, l’objet d’une rétrospective. Pour l’occasion, une vingtaine de ses œuvres sont rassemblées autour du thème de la couleur. « J’ai choisi de désigner la couleur au singulier pour pointer plus radicalement le sujet, éclairer les œuvres d’une manière nouvelle et faire en sorte qu’elles rentrent dans une conversation qu’elles n’avaient pas », explique Bertrand Lavier. Si aucune œuvre n’a été spécifiquement conçue pour l’exposition, la sélection reflète plus de quarante ans de production artistique et lui offre l’opportunité de repenser ses « chantiers », terme qu’il préfère à celui de séries. Une démarche résumée dans un face-à-face entre deux pianos qui, à ses yeux, « représentent à eux seuls tout le principe de l’exposition ». Le premier, qu’il avait repeint dans sa couleur initiale, brouille la frontière entre réalité et représentation tandis que le deuxième, recouvert de peinture bleue, s’éloigne d’un discours mimétique pour réinterpréter le réel. « Ce qui m’intéresse, c’est de détourner les objets et les faire entrer dans des zones d’incertitude conceptuelle », confie-t-il. Ainsi, un socle peint en rouge devient œuvre d’art, une peinture figée dans le verre acrylique devient sculpture et un néon aux couleurs vives devient tableau. Œuvre phare de l’exposition, une Renault Dauphine délabrée, abandonnée au sein de la propriété, a été repeinte en bleu électrique pour se donner des airs de voiture de luxe.