Art ancien

Bel canto napolitain

Musée Capodimonte - Jusqu’au 21 juin 2020

Par Fabien Simode · L'ŒIL

Le 17 décembre 2019 - 323 mots

« Naples ne peut pas se comprendre sans la musique. » C’est la raison pour laquelle Sylvain Bellenger, le directeur du Musée de Capodimonte, lui dédie sa nouvelle exposition.

Troisième volet d’une trilogie d’accrochages destinée à revisiter les collections du musée, cette exposition réunit près de 1 000 objets. « Napoli, Napoli » a été conçue comme une exposition pluridisciplinaire mettant en scène tableaux, porcelaines, minéralogie, avec de la musique et des costumes conservés par le Teatro San Carlo de Naples, l’un des plus anciens et des plus fameux théâtres lyriques d’Europe. Coiffé d’un casque audio, le visiteur doit ainsi arpenter les dix-neuf salles dédiées à un thème napolitain : la musique profane, les chinoiseries, Polichinelle, etc. C’est au premier mouvement du Stabat Mater de Pergolèse, mort dans le royaume de Naples en 1736, que revient l’honneur d’ouvrir la première salle sur la musique sacrée. Enveloppés par la douleur, des mannequins vêtus des costumes de scène du San Carlo s’affairent autour des chandeliers et de la croix conçue pour l’autel de l’oratoire secret du roi du Palais de Portici. Plus loin, un autre mannequin tentant de recouvrir le portrait de Napoléon évoque l’épisode de la fuite des Murat et le retour des rois Bourbon à Naples, tandis que le casque diffuse l’hymne de Paisiello, devenu en 1816 l’hymne officiel du royaume des Deux-Siciles. Central dans la vie des Napolitains, le Vésuve possède lui aussi sa salle, dite de l’éruption, avec, aux murs, les tableaux le représentant à son réveil et, au centre, un superbe chariot solaire en faïence tiré par l’Aurore. Le chariot est posé sur un énorme socle en forme de fausse pierre volcanique devant une gigantesque gerbe de lave. Le drame, comme toute l’exposition, est délicieusement mis en scène par Hubert Le Gall qui ne cherche jamais à s’effacer, au contraire. Le décorateur a compris qu’il s’agissait là d’une exposition d’un genre nouveau : un opéra-muséal en dix-neuf actes dont on espère qu’il fera école.

« Napoli, Napoli, De lave, de porcelaine, de musique »,
Musée Capodimonte, Via Milano, Naples (Italie), www.museocapodimonte.beniculturali.it

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°730 du 1 janvier 2020, avec le titre suivant : Bel canto napolitain

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