Beckman et Decrauzat

Le fil conducteur de ces deux plasticiens, au profil différent, est d’intégrer dans le processus créatif une forte dimension ludique. Le parcours conçu par Decrauzat est construit à partir de la grille qui compose le sol du lieu : à la manière d’un échiquier, certaines cases sont occupées par des peintures géométriques, des films 16 mm et des volumes blancs. Si le visiteur est joueur – attention, cet art optique n’est pas de tout repos pour la rétine ! –, il prend plaisir à circuler dans un environnement où les jeux de lumières et de vibrations sollicitent activement la perception du regardeur. Pour ses films au parfum années 1980, Beckman puise son inspiration dans les théories en psychologie du développement de Jean Piaget, mais aussi dans la culture sportive et les films hollywoodiens. Cette artiste, qui reprend les éléments structurels des jeux (rythme, répétition, chants…), crée une satire idéologique du sexisme et du capitalisme américain en jouant avec les stéréotypes de la publicité, où les femmes sont blanchisseuses ou pom-pom girls et les hommes, absorbés par le sport ou les affaires. Au détour de certains plans, on peut reconnaître le regretté Mike Kelley, ami de la réalisatrice qui, accessoirement, joue l’acteur pour elle.