Lubin Baugin est sans doute le plus méconnu des maîtres français du XVIIe siècle. Sous la houlette de Jacques Thuillier, une cinquantaine d’œuvres a été réunie pour la première fois et le catalogue édité à cette occasion vient combler une grave lacune. Baugin (vers 1608-1663) fut redécouvert lors de l’exposition « Les Peintres de la réalité », en 1934. Il y apparaissait comme le grand peintre de quelques natures mortes, dont le désormais célèbre Dessert de gaufrettes. Cette notoriété due à cinq ou six tableaux de jeunesse occulta le reste d’une œuvre essentiellement religieuse, définie par l’historien Charles Sterling comme la peinture « grasse et molle » d’un « imitateur attardé du Corrège et des Bolonais ». Le maniérisme était alors honni et Baugin rappelait trop la préciosité de Fontainebleau ou du Parmesan. Il faudra attendre l’article de Jacques Thuillier paru en 1963 dans L’Œil, pour que ce jugement négatif soit enfin contredit. L’archaïsme de Baugin, qui puise aussi à des sources raphaélesques, y est interprété comme l’une des premières manifestations de ce qu’on appellera « l’atticisme parisien » (La Hyre, Stella, Lesueur). L’« imitateur attardé » devient un précurseur. De là à voir dans ses morceaux un pinceau digne de Vélasquez (voir le catalogue), il y a un abîme franchi dans l’allégresse d’une apologie sans frein.
- ORLEANS, Musée des Beaux-Arts, 1, rue Fernand Rabier, tél. 02 38 79 21 55, 21 février-20 mai et TOULOUSE, Musée des Augustins, 21, rue de Metz, tél. 05 61 22 21 82, 8 juin-9 septembre.
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Baugin : imitateur ou précurseur ?
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°534 du 1 mars 2002, avec le titre suivant : Baugin : imitateur ou précurseur ?