La Maison de Balzac, qui vient de rouvrir ses portes, propose une exposition consacrée à Honoré de Balzac et Jean-Jacques Grandville.
La relation entre l’écrivain et le dessinateur, qui portent tous deux un regard critique sur la société de leur temps, est au cœur du propos. Certainement amis, Balzac s’est fait le commentateur de Grandville, et Grandville l’illustrateur de Balzac. L’exposition met en lumière l’admiration réciproque des deux hommes : avec son Projet d’éventail représentant l’apothéose de Balzac, Grandville évoque le succès du romancier, assimilé ici à un dieu. Ils partagent aussi des sujets communs. Le rentier, par exemple, est dépeint dans toute sa médiocrité par Balzac dans sa Monographie du rentier, mais aussi par Grandville dans sa gravure Le Rentier et sa Femme. S’ils se rejoignent dans cette critique d’ordre social, c’est la politique, omniprésente dans l’œuvre de Grandville, qui finit par les séparer. Grandville prend parti pour les républicains, Balzac pour les monarchistes, même si ce dernier s’éloigne peu à peu de ces questions pour approfondir sa réflexion sur l’art. Les cent cinquante pièces exposées, majoritairement des lithographies, dessins et gravures, nous font revivre cette période riche en caricatures et œuvres satiriques. En se penchant sur la relation entre les deux hommes, l’exposition dévoile une époque marquée par la revendication de la liberté de la presse, la critique virulente de la société, mais aussi les interrogations sur le statut de l’artiste.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°729 du 1 décembre 2019, avec le titre suivant : Balzac et Grandville