Le Grimaldi Forum montre que l’œuvre du peintre anglais a été très influencée par la culture française.
La fascination pour Paris et la France naît très tôt chez Francis Bacon (1909-1992). En 1927, il s’installe sur les bords de Seine. À la galerie Paul Rosenberg, il découvre le travail de Picasso. Il s’intéressera par la suite à Degas, Monet, Seurat, mais aussi à Toulouse-Lautrec et à Jean Lurçat, qui ont influencé ses toiles des années 1929 à 1933, comme le montre la première salle de son exposition au Grimaldi Forum Monaco. « Parmi tous les peintres français, ce sont les impressionnistes et les postimpressionnistes qui lui ont le plus appris », souligne Martin Harrison. Coauteur du Catalogue raisonné (2016) de Francis Bacon, le commissaire a choisi de centrer l’exposition sur l’influence de la culture française et de sa période monégasque sur son art.
L’exposition réunit 66 œuvres de Bacon prêtées par la Tate Britain, l’Art Council Foundation et le Centre Pompidou, confrontées à 13 œuvres d’autres artistes. À des feuilles de Giacometti notamment qu’il considérait comme le plus grand dessinateur du XXe siècle. Il empruntera à ce dernier le motif de la cage emblématique de ses toiles des années 1950 déclinant la thématique du huis clos. Bacon admirait aussi Bonnard, s’inspirant des flous de ses chairs et de sa façon d’utiliser la couleur. En témoigne le tissu aux couleurs vives de Painting (1950) rappelant les robes à rayures rouges de Marthe Bonnard. « [Bonnard] est un peintre qui observe autant qu’il regarde, souligne Harrison. On reconnaît cela chez Bacon, principalement dans ses triptyques des années 1960 dans lesquels des personnages secondaires témoignent de part et d’autre de l’événement central. L’observation fait naître le malaise. »
Plus étonnante est la confrontation entre une délicate toile aux couleurs pâles de Marie Laurencin, Portrait de madame Paul Guillaume à un Portrait de John Edwards (1984) de Bacon, épinglé sur un fond de couleur rose vif acidulé.
L’exposition du Grimaldi forum évoque aussi la force d’attraction qu’a eue Monaco sur Bacon. En juillet 1946, celui-ci s’installe sur le Rocher. Les trois années qui suivent seront cruciales dans l’évolution de son art. C’est là qu’il entreprend ses premiers travaux inspirés du Portrait d'Innocent X de Vélasquez qu’il poursuivra pendant vingt-cinq ans. Là aussi qu’il commence à travailler sur l’envers de ses toiles, une surface non préparée sur laquelle la peinture se fixe plus aisément.
En 1971, Bacon produira, à l’occasion de sa rétrospective au Grand Palais, cinq grands triptyques. Studies of the Human Body, figurant trois corps roses, nus et bulbeux évoluant sur un fil de funambule, est accroché sur une cimaise placée à l’entrée du Grand Palais. « Si les Français apprécient mon travail, alors j’aurais le sentiment d’avoir, d’une certaine façon, réussi », soulignait alors ce francophile.
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Bacon aime la France
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Abonnez-vous dès 1 €jusqu’au 4 septembre, Grimaldi Forum Monaco, 10, av. Princesse-Grace, Monaco, www.grimaldiforum.com, tlj, 10h-20h, jeudi jusqu’à 22h, entrée 10 €. Catalogue, 272 p, 150 ill, 39 €.
Légende Photo :
Francis Bacon, Studies of the Huma Body, 1970, triptyque, huile sur toile, 198 x 147,5 cm chaque panneau, collection particulière. Courtesy Ordovas. © The Estate of Francis Bacon, all rights reserved. Photo : Prudence Cuming Associates Ltd.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°461 du 8 juillet 2016, avec le titre suivant : Bacon aime la France