B. Boudjelal - Chronique algérienne

Il se trouvait limité dans ses déplacements au village où vivait sa famille, seul lieu sûr dans un pays livré au chaos qu’il photographiait alors en noir et blanc.

Le Musée-Niépce a soutenu l’artiste dans sa volonté de refaire le voyage, cette fois-ci d’est en ouest, durant ces trois dernières années. Cette nouvelle liberté de mouvement est symbolisée par le recours à la couleur. Les photos sont rythmées par les extraits d’une correspondance avec l’écrivain Sid Ahmed Semiane (surnommé SAS, ce chroniqueur très connu en Algérie pour son esprit caustique vit désormais en exil). L’image confrontée au texte peut se lire comme un documentaire à charge, sans illusions sur l’Algérie d’aujourd’hui. Le pays nous apparaît encore dans ces images floutées qui traduisent l’inconfort et le chaos de part et d’autre de l’appareil, à travers des visages expressifs et préoccupés, et des femmes aperçues à la dérobée.

On parcourt comme un espace de méditation la deuxième partie de l’exposition, consacrée à Frantz Fanon, entièrement en noir et blanc. La dernière partie aborde la thématique des migrations et offre une scénographie plus élaborée, en combinant sur des piliers des projections de films et un travail photographique sur les lieux de départ : ces lieux que le migrant a laissés derrière lui ne sont plus en couleur, ni en noir et blanc, ils sont blanchis, estompés dans sa mémoire – procédé que Boudjelal a élaboré au moyen d’un scanner.