Aux sources de l’œuvre d’Ana Mendieta

D’un tout autre registre est celle conçue et produite par le Mo.Co à partir des archives détenues par la famille et du travail mené par sa nièce, la réalisatrice Raquel Cecilia Mendieta. L’intérêt porté à l’ensemble de son œuvre, de ses débuts en 1969 à sa disparition brutale à 36 ans, en 1985, à New York, aboutit à un portrait des plus vivants. Qui plus est, avec un déploiement de pièces inédites et de réinterprétations d’installations ou de sculptures éphémères, elles aussi inédites. Avec le parti pris de ne pas revenir sur les circonstances de sa chute mortelle, et sur le couple turbulent qu’elle a formé avec le sculpteur minimaliste Carl Andre. Les deux commissaires, Vincent Honoré et Rahmouna Boutayeb, justifient ce choix par leur désir d’éclairer un itinéraire artistique autrement qu’à travers la violence de ce drame. « Ana Mendiata n’a jamais été une victime, mais une femme libre, audacieuse, forte, intense, curieuse qui refusait les enfermements et les qualificatifs de performeuse ou d’artiste conceptuelle », souligne Vincent Honoré. Peintures à ses débuts, puis très vite photographies, films, gravures, dessins, sculptures et installations : la diversité des pratiques dégage une énergie créative portée par le besoin constant d’expérimenter, de reformuler des cultes primitifs et de dialoguer à son tour avec la nature. À partir d’abord de son corps nu, puis de silhouettes créées sur une plage, une roche…, Ana Mendieta a construit son propre langage. « À travers mon art, je veux exprimer l’immédiateté de la vie et l’éternité de la nature », écrivait-elle. Ce qu’elle fit dans une prolifération de travaux finis ou inachevés qui, à leur tour, laissent place aux mystères et à l’interprétation.