LILLE
À Lille, quoi de mieux que d’aller se perdre dans une jungle tropicale impétueusement réalisée sous la verrière de l’ancienne gare Saint-Sauveur par des artistes habités par un étonnement chaque jour renouvelé : celui d’être encore présent sur une planète où l’être humain se développe comme un prédateur dont les jours seraient comptés ? Dorothée Dupuis, commissaire de l’exposition, connaît bien les États-Unis du Mexique, où elle vit depuis dix ans.
Elle a imaginé ce parcours en résonance avec un espace mexicain remarquable : le parc onirique de Las Pozas, situé près du village de Xilitla, à environ 300 km au nord de Mexico, rêvé et créé entre 1962 et 1985 par le poète britannique Edward James, une « folie » peuplée de fantaisies architecturales en béton sans autre destinée que d’exister au cœur d’une nature débordante de vitalité. C’est à cette vitalité primordiale que fait référence la déesse verte « pensée à la fois comme un personnage, incarnation “générique” de l’idée de nature, mais aussi comme un paysage synesthésique composé par les œuvres de l’exposition. » Les réalisations d’une vingtaine d’artistes, dont une majorité de femmes, tentent d’aborder de façons très diversifiées des réflexions en marge des chemins balisés de la traditionnelle opposition entre l’homme conquérant – destructeur – et la nature dévastée. L’humain est-il face à et hors de la nature ? N’est-il pas plutôt un élément de cette nature, capable, comme tout organisme vivant, de tenter de muter et de s’adapter à des changements radicaux ? Donc capable de mettre radicalement en question ses certitudes et ses modes de vie.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°725 du 1 juillet 2019, avec le titre suivant : Au secours la nature !