Le domaine départemental de Chamarande offre tous ses espaces d’exposition au plasticien et réalisateur de films français d’origine juive : Michel Nedjar, né en 1947 à Soisy-sous-Montmorency (Val-d’Oise).
Ancien tailleur, globe-trotter et donateur généreux (notamment pour le LaM de Villeneuve-d’Ascq), ce créateur iconoclaste bâtit depuis les années 1980 un univers singulier, combinant feuilles, peintures, collages, poupées, écritures, installations et films expérimentaux, avec pour fil d’Ariane son existence enrichie au gré de ses chocs émotionnels (le premier étant son visionnage en 1961 à la télé de Nuit et brouillard d’Alain Resnais, qui signe pour lui la fin de l’innocence), de ses voyages ainsi que de ses trouvailles. Dans la lignée de l’artiste brut Jean Perdrizet, pour qui « Penser, c’est broder le fil de nos idées », Michel Nedjar tisse sa toile en deux temps. Au château, se déploie son œuvre personnelle plurielle, allant de la fin des années 1970 jusqu’à 2020, avec certainement pour acmé la bibliothèque qui, faisant office ici de cabinet de curiosités parfaitement adapté à ce collectionneur compulsif, dévoile moult bas-reliefs en papier mâché, masques, dessins sur enveloppes et Poupées de voyage bricolées, qui sont pour lui comme autant d’objets d’enfance et de rituel. À l’Orangerie, avec la complicité de Savine Faupin, conservatrice au LaM, nous est présenté, en vue de dialoguer avec Nedjar, un ensemble important d’œuvres issues de ce musée célébrant l’Art brut, égrenant de grandes signatures parmi lesquelles Anselme Boix-Vives, Aloïse Corbaz, Madge Gill et André Robillard. Manifestement, l’exposition Michel Nedjar et consorts à Chamarande est forte, du genre de celles qu’on n’oublie pas. Sa geste, croisant l’Art brut et l’art contemporain, est puissamment authentique, se donnant à voir tel un journal intime mis en forme plastiquement. L’art, bien sûr, c’est l’œuvre, mais aussi les rencontres, notamment humaines, et, à ce niveau-là, on se dit que ce plasticien hypersensible, aux obsessions magnifiques, a bien des choses à nous révéler sur les ressorts de la création.
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Au fil du faire avec Nedjar et compagnie
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°749 du 1 décembre 2021, avec le titre suivant : Au fil du faire avec Nedjar et compagnie