Rome, Florence, Naples, Venise… À partir du XVIIIe siècle, l’apprentissage du peintre passe par un séjour en Italie, à la source de la civilisation antique. Anglais, Hollandais, Allemands et Français y achèvent leur « Grand Tour » d’Europe avant que le XIXe siècle ne leur ouvre des horizons plus exotiques.
Le Musée Fragonard présente une belle sélection sur ce thème, resserrée autour de trente œuvres de petits et grands maîtres. À commencer par une délicate sanguine d’Hubert Robert, peintre français qui battit la campagne romaine en compagnie de Fragonard à partir de 1759. Son paysage de cascade avec rochers, lui permettant les jeux d’ombres qu’il affectionne, réunit tous les éléments de la vue pittoresque : la ruine d’une tour au dernier plan, les personnages au premier et l’eau vive entre les deux. Elle fait écho à la cascade de Tivoli et à sa grotte de Neptune représentée par Claude Louis Châtelet dans un clair-obscur à la manière de Robert (vers 1780). Ce dernier se rendit aussi à Naples, deuxième étape du Grand Tour italien. Là, ce sont la beauté des paysages, rendue dans le Paysage arcadien de l’Allemand Joseph Philipp Hackert (1795-1803) et les brutales éruptions du Vésuve, projetées en traits lumineux sur la toile de Pierre-Jacques Volaire (Éruption du Vésuve, 1771-1790), qui attirent les peintres. Près d’un siècle plus tard, cette fois à Venise, lppolito Caffi modernise les traditionnelles vedute dans sa vue nocturne et romantique de la cité légendaire (Le Quai des esclavons à Venise). De ce port, considéré comme la porte de l’Orient, les peintres s’embarquent bientôt vers l’Égypte, la Turquie, la Palestine. Caffi fixe sur sa toile une caravane dans le désert égyptien. C’est cette lumière éclatante que trouva Georges Clairin sur Les Montagnes à Thèbes (vers 1895) dont l’impressionnante toile clôt le parcours. À cette période, l’appareil photographique remplace progressivement le fusain et le pinceau dans les bagages des artistes voyageurs. Un changement d’époque qu’évoque la seconde exposition du musée consacrée aux photographies couleur du Russe Prokoudine-Gorski, exposées cet hiver au Musée Zadkine à Paris. Engagé par le tsar entre 1909 et 1915, il rapporta de son périple à travers l’Empire russe des clichés d’une étonnante vivacité et précision chromatiques et d’une grande modernité, témoignage d’une Russie multiculturelle présoviétique.
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Artistes en voyage
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Abonnez-vous dès 1 €Musée Jean-Honoré Fragonard, 14, rue Jean-Ossola, Grasse (06)
www.fragonard.com
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°669 du 1 juin 2014, avec le titre suivant : Artistes en voyage