VENISE / ITALIE
« Stop Painting » : arrête de peindre. C’est le titre que l’artiste Peter Fischli a donné à l’exposition que lui a confiée la Fondation Prada.
L’artiste suisse, né en 1952, l’emprunte à un tableau d’Immendorff : Hört auf zu Malen . Une peinture rouge que l’artiste allemand, en colère, a barrée à grands coups de pinceaux noirs, avant d’inscrire à la peinture blanche cette phrase : « Arrête de peindre ». L’artiste raconte que son professeur serait rentré à ce moment dans l’atelier et lui aurait lancé : « Laisse comme cela, Jörg, top picture ! » Cette anecdote se déroule dans les années 1960, quand le jeune Peter Fischli assiste au débat sur les soi-disant funérailles de la peinture : « Quand j’étais jeune, l’air du temps affirmait que “la peinture était morte” : certaines voix aboyaient, d’autres pleuraient encore plus fort. » En 2021, la peinture est toujours là. Non seulement elle n’est pas morte, mais elle n’a jamais disparu. C’est le propos de cette réjouissante exposition qui dresse un inventaire sensible et non exhaustif des différentes postures qui ont nourri le débat depuis plus d’un siècle – l’exposition remontant à l’opposition peinture-photographie au XIXe avec le peintre Delaroche. Daumier, Guyton, Nauman, Wiener, Manzoni, Broodthaers, Picabia, Ben, Barré… sont quelques-uns des noms de l’accrochage. Un accrochage non académique basé sur la contamination et la confrontation entre les œuvres, plutôt que sur la pédagogie. On peut lui reprocher de partir dans tous les sens ou, au contraire, de s’amuser des rapprochements – jubilatoires – qu’il opère, comme lorsqu’il rapproche dans la même salle un escargot-cible de Michael Krebber ( Here Comes The Sons, 2011) du tableau ancien d’un pendu auquel Asger Jorn a ajouté un masque de carnaval ( Ainsi on s’Ensort, 1962). Non loin d’eux, un bouquet de fleurs signé Kurt Schwitters, en 1934.
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« Arrête de peindre »
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°745 du 1 juillet 2021, avec le titre suivant : «Arrête de peindre»