Observer, c’est renoncer aux préjugés, c’est excéder les précédents, c’est menacer les prédictions, c’est croire aux premières fois. Comme si tout était à faire, à refaire.
Partant, à l’heure des suffrages unanimes et des célébrations superlatives, quelle place pour, ici et là, observer vraiment, librement, comme si (de) rien n’était ? Or, pour observer la sculpture d’Arlette Ginioux, née en 1944, il faut, précisément, renoncer aux diktats contemporains et aux sommations actuelles, oublier les fantasmes progressistes et les goûts. Il faut considérer attentivement sa science du modelé, sa virtuosité pour architecturer les corps, sa manière inouïe de fouiller les chairs, héritée de Charles Auffret, son maître à l’académie Malebranche. En bronze ou en marbre, au graphite ou à l’aquarelle, les œuvres d’Arlette Ginioux sont à la hauteur de celles de Germaine Richier, mais aussi de Jean Carton et de Jean Osouf, ces hérauts oubliés de la sculpture figurative que d’intrépides institutions – le Musée Despiau-Wlérick, à Mont-de-Marsan, et la Galerie Malaquais, à Paris – savent plébisciter, à rebours des assignations modernistes. Avec leurs yeux clos, leurs contours éreintés et leurs pudeurs éblouissantes, les figures de Ginioux regardent vers le Fayoum et les Cyclades, là où le drame est universel et le silence d’or. Là où le superflu et l’anecdotique ont trébuché. Là où les préjugés ne tiennent plus et où l’observation seule triomphe. Admirable.
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Arlette Ginioux, à rebours, à vif
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Abonnez-vous dès 1 €Musée Despiau-Wlérick, 6, place Marguerite de Navarre, Mont-de-Marsan (40), tél. 05 58 75 00 45.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°675 du 1 janvier 2015, avec le titre suivant : Arlette Ginioux, à rebours, à vif