Avec Anri Sala, chaque exposition est un exploit technologique en soi. Le dispositif vidéo ambitieux au centre de celle qui se tient actuellement au Centre Botín en apporte une nouvelle fois la preuve : pour l’artiste, la représentation fait partie de l’œuvre elle-même.
Trois écrans biface, un montage réglé au millimètre, une synchronisation qui a nécessité des mois de mise au point grâce à un procédé de réalité virtuelle, trois vidéos (Ravel Ravel, Take Over et If and Only If) projetées par paire selon un principe de défilement cinématographique : « As You Go (Châteaux en Espagne) » pousse encore plus loin l’expérience musicale et visuelle in situ. À chacun, à l’intérieur de cette partition, d’inventer librement sa propre chorégraphie, son rapport à l’œuvre et au moment présent. Il n’est pas anodin non plus que l’artiste renoue ici un dialogue avec l’architecture de Renzo Piano – qui a livré ce bâtiment fantastique en 2017. En 2012, dans le cadre de son exposition au Centre Pompidou, Anri Sala avait en effet conçu à même une baie vitrée une pièce spécifique, No Window No Cry (Renzo Piano and Richard Rogers, Centre Pompidou, Paris) qui, recréée dans cet espace, lui fait écho dans le temps et met en scène la vue sur la baie de Santander. La troisième œuvre présentée, All of a Tremble (Encounter I) (2017), associe motifs sonores et impressions sur papier dans une installation aux frontières de la perception, suscitant des associations qui résonnent longuement à l’esprit.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°732 du 1 mars 2020, avec le titre suivant : Anri Sala fait vibrer à l’unisson le Centre Botín