Anita Molinero, du baroque trash !

Le parcours de cette présentation solo, conçue par la commissaire Olivia Gaultier-Jeanroy, est principalement chronologique : pendant qu’une première partie, allant des premières œuvres des années 1980 à 2015, se penche sur les gestes caractéristiques de son travail (modelage, déformation, perforation), une seconde, quant à elle, donne à voir de nouvelles pièces (2015-2022), nous plongeant dans un univers futuriste fort inspiré par la science-fiction. Puis, à l’extérieur, le bassin de l’esplanade, entre le Palais de Tokyo et le MAM, regroupe quelques installations monumentales. Enfin, dans la salle 20 des collections du musée, un film expérimental inédit tourné en 3D, Extrudia, réalisé par José Eon et où Molinero se met joyeusement en scène en apparaissant à l’écran revêtue d’un manteau de fourrure une hache à la main, présente sous la forme d’une fiction son travail d’atelier. Façon Lavoisier, « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme », cette artiste alchimiste s’empare d’objets usuels et matériaux triviaux, tels que des poubelles, soufflets de bus, plastiques des restaurants McDonald’s, tuyaux d’échappement, polystyrène fondu et autres rebuts de la société consumériste, pour les détourner afin de révéler leur beauté cachée. Et, au passage, cette œuvre baroque où le feu, élément redoutablement destructeur, participe pleinement de l’acte créateur, alerte – avant l’heure – sur le réchauffement climatique tout en évitant, grâce à son humour et à son gore revendiqué, toute leçon écologique moralisatrice.