Animal Kingdom de Sean Landers

C’est la règle du ni trop ni pas assez, un jeu compliqué pour que l’œuvre contemporaine s’impose dans sa singularité tout en résonnant avec l’ensemble. Dans ce jeu-là, le Musée de la chasse et de la nature est passé maître, tout en restant cohérent par rapport à son fil rouge : le rapport entre l’homme et l’animal. Avec l’artiste américain Sean Landers, le musée offre un nouveau parcours orienté vers la peinture figurative. Le parti pris a été de privilégier un aspect précis de son œuvre : le portrait d’animaux au pelage tartan, dont l’hyperréalisme en trompe-l’œil joue l’art du décalage et de l’incongru cher aux surréalistes, dans le sillon desquels l’artiste s’inscrit. Un choix très pertinent. Dans le contexte de ce musée, le sens des œuvres qui interrogent le faux-semblant et l’artifice trouve une résonance toute particulière. Que reste-t-il aujourd’hui de notre fond sauvage et authentique dans une société hypra-connectée, narcissique et superficielle ? Que pourront nos costumes absurdes face aux menaces actuelles qui pèsent sur l’environnement ? Toutefois, il manque quelques pas de côté. À force d’être répétée, la présence dominante de la série des portraits animaliers en fourrure écossaise perd en puissance. L’œil est averti et l’effet premier se dilue. Peut-être aurait-il été nécessaire de montrer d’autres aspects de la démarche de Sean Landers, dans l’esprit des bronzes réalisés pour l’occasion ou des quelques peintures présentées où se mêlent mots et images. Cela aurait créé plus de surprise et contrecarré le côté un peu systématique et conceptuel de cette série.