Le Musée Eugène-Delacroix met en lumière la passion du peintre pour William Shakespeare.
PARIS - À l’heure où le Royaume-Uni frémit de toutes parts pour célébrer le 450e anniversaire de la naissance de son plus célèbre dramaturge, le nouvel accrochage du Musée Eugène Delacroix à Paris apporte sa modeste pierre à l’édifice avec un accrochage thématique révélateur de « l’anglomania » du peintre. Le premier autoportrait connu de l’artiste ouvre le parcours et donne le ton : Portrait d’Eugène Delacroix en Hamlet ou Ravenswood (v. 1821). La passion du jeune Delacroix – vingt-trois ans à peine – pour l’Angleterre, sa littérature, son théâtre et sa peinture ne fait que commencer. Dans ces années 1820, « l’anglomania » s’est emparée des cercles intellectuels parisiens et William Shakespeare, parangon du romantisme tragique, en est la figure tutélaire.
Au gré des rencontres à Paris d’artistes anglais tel Richard Parkes Bonington et d’un voyage fondateur à Londres en 1825, au cours duquel il visite musées et ateliers d’artistes, enchaînant les spectacles, l’artiste se forge une solide culture anglaise. Initié à l’aquarelle par le peintre belge Charles Soulier, élevé outre-Manche, Delacroix s’adonne également avec assiduité à cette pratique typiquement britannique. Avec ses comparses Henry Monnier et Eugène Isabey, il tient un rôle prépondérant dans un petit cercle d’artistes franco-britanniques, alimenté par une curiosité et une admiration réciproques. En témoignent ces deux portraits croisés de Delacroix et Thales Fielding que le musée parisien a rarement l’occasion d’exposer.
Fascination pour Hamlet
Il en va de même pour la quinzaine de pierres lithographiques et des épreuves de la Suite Hamlet, exécutées au début des années 1830 et habituellement reléguées dans les réserves. Théâtrales à souhait, ces feuilles reprennent les moments clés de la célèbre pièce comme l’assassinat de Polonius, Hamlet croisant le fantôme de son père sur les remparts d’Elseneur ou encore la mort de la trop délicate Ophélie. À lui seul, le jeune prince du Danemark apparaît dans une dizaine d’œuvres du peintre entre 1825 et 1859. Othello et Macbeth, sujets d’eaux-fortes, ne sont pas en reste, comme d’autres auteurs britanniques comme Walter Scott et Nicholas Rowe. Si les quelques objets exposés en vitrines rappellent le choc visuel que fut le Maroc pour Delacroix, Shakespeare et l’Angleterre sont indissociables de son âme romantique.
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Anglomania
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Abonnez-vous dès 1 €Jusqu’au 31 juillet, Musée national Eugène Delacroix, 6 rue de Furstenberg, 75006 Paris, tél. 01 44 41 86 50
www.musee-delacroix.fr
tlj sauf lundi 9h30-17h.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°414 du 23 mai 2014, avec le titre suivant : Anglomania