Réunissant une quarantaine d’œuvres, l’exposition rétrospective de Jannis Kounellis au Centre d’art contemporain de Prato suit un parcours chronologique conçu par l’artiste.
PRATO (de notre correspondante) - L’inventaire des pièces de l’exposition de Jannis Kounellis au Centre d’art contemporain du Prato ressemble à une anthologie de son œuvre : armatures de lit, portes, étagères, laine, coton, cire, fer, éléments végétaux ou organiques, ou encore chiffres, lettres et signes peints à la tempera noire sur toile blanche, sans oublier le feu et son action purificatrice et régénératrice. Articulée comme un parcours liturgique, l’exposition comprend des travaux anciens des années 1959-1960 dans lesquels l’artiste – en signe d’association sentimentale et idéologique avec Alberto Burri – se confronte à la plasticité d’éléments tels que des sacs de charbon. Mais la toile n’est plus un support, elle est un objet sale et ayant vécu, posée sur une structure cylindrique ou retombant sur elle-même, traduisant un sentiment d’endolorissement physique. Des mêmes années datent les chiffres et les lettres peints à la tempera noire sur fond blanc, conçus à Rome alors que Kounellis était encore étudiant à l’Académie des beaux-arts.
L’Italie et l’étude des maîtres anciens, de Giotto à Masaccio jusqu’au Caravage, amènent Kounellis à réfléchir sur les notions d’espace et de forme, avec le mur pour référence. Mais c’est au cours des années suivantes qu’il va mettre au point son propre vocabulaire et se rapprocher des autres protagonistes de l’Arte Povera. Le plomb, élément ductile, revêt, occulte ou s’étend sur le fer alors que sur des plaques rigides, structures d’appui, sont placés des éléments qui font allusion au vivant : un papillon délicat, un perroquet, un morceau de bois peint à main nue ou une flamme qui brunit la plaque en laissant des reflets bleuâtres. De cette période sont exposées à Prato Gabbie d’Uccello ou Rose, Carboniera et Cotoniera.
Chronologique, ce déroulement se juxtapose à la vision d’ensemble souhaitée par l’artiste. Chaque salle est une installation, avec des interventions sonores qui intègrent la définition spatiale et accompagnent de façon cohérente le discours plastique. Là, les pièces conçues pendant, ou à la suite d’un voyage de l’artiste en Amérique latine – à Mexico, Buenos Aires et Montevideo – sont les plus récentes. Il s’agit de grandes structures aux connotations sacrées évidentes. La Crucifixion, par exemple, est évoquée par la seule présence d’un grand axe vertical sur lequel est accroché un sac de farine.
- Jannis KOUNELLIS, jusqu’au 9 septembre, Centre d’art contemporain Luigi Pecci, Viale della Repubblica 277, Prato, tél. 39 057 45 31 71, tlj sauf mardi 10h-19h, www.comune.prato.it/pecci
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Aller au charbon
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°130 du 29 juin 2001, avec le titre suivant : Aller au charbon