Vous êtes entrés dans une salle plongée dans l’obscurité et puis tout d’un coup, vous les découvrez là, face à vous. Ils sont six, sagement placés sur une estrade, les uns à côté des autres, comme au garde-à-vous. Seule la lumière, d’un brutal coup de projecteur, vous permet petit à petit de les repérer : le Chat, le Martien, le Chien, l’Eléphant, l’Homme et l’Oiseau. Etrange réunion en vérité que celle qu’a imaginée Alain Séchas (dont le titre Les Suspects en dit déjà long !) et qui constitue l’un des moments forts de son exposition. Etrange et déroutante, voire inquiétante, d’autant que ce ballet lumineux est rythmé en boucle par la répétition d’un thème musical originellement doucereux, qui va progressivement en se détraquant de manière grinçante. Il est vrai que l’artiste est coutumier du fait : son Professeur Suicide nous a appris par le passé à nous méfier du tour que pouvaient prendre ses installations. La mort y rôde... allègrement. Figure singulière du paysage artistique, Alain Séchas affectionne particulièrement les situations où se mêlent le tragique et le burlesque, et il n’a pas son pareil pour nous mettre face à nos peurs, nos angoisses et nos frustrations. En témoignent encore la gigantesque araignée suspendue à un rail qu’il a spécialement créée pour Strasbourg et toute la série de dessins sur le thème du Chat des rives de l’Aar liés au programme de commande publique qu’il a réalisé pour la seconde phase du tramway de la ville. La part ludique de la démarche de Séchas révèle un parcours façon Luna Park. L’occasion pour l’artiste de s’interroger une nouvelle fois sur les interactions entre culture et industrie du divertissement.
STRASBOURG, Musée d’Art moderne et contemporain, 9 février-22 avril.
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Alain Séchas face aux Martiens
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°524 du 1 mars 2001, avec le titre suivant : Alain Séchas face aux Martiens