Terre cuite, fer et aluminium, martelés ou forgés, marbre, bois ou polystyrène peint, quels que soient les matériaux qu’il emploie, les œuvres sculptées d’Alain Kirili avouent toute une énergie, une puissance, voire une jubilation, peu communes.
Nourrie des exemples tant de Barnett Newman et de David Smith que de Brancusi et de Gonzalez, la sculpture de Kirili use de moyens minimaux mais non minimalistes et met en jeu des formes symboliques issues des cultures les plus diverses. Son vocabulaire abstrait fait une large place à la mise en œuvre de signes plastiques élémentaires qui visent à une prise de pouvoir de l’espace, qu’ils s’y érigent isolément ou qu’ils l’occupent en nombre en se déployant au ras du sol. Si l’Inde et le judaïsme ont longtemps marqué les recherches de Kirili, notamment dans la création d’ensembles extrêmement dépouillés nommés Commandements, la musique de jazz en accompagne aujourd’hui l’avènement. La même épreuve, la même dépense, la même rythmique y sont à l’œuvre, comme le révèlent les diverses performances musicales qu’organise l’artiste au sein même de ses expositions. En quête d’une verticalité qui lie spiritualité et corporalité, voire sexualité, la sculpture de Kirili s’inscrit en fait dans le droit fil d’une tradition, celle de la statuaire. Le parcours rétrospectif qu’organise le Musée de Grenoble de son œuvre en est une éminente illustration. « L’acte de sculpter est pour lui un acte de sublimation, la représentation de l’incarnation d’un corps vivant et sexué » note très justement Serge Lemoine dans le texte du catalogue.
GRENOBLE, Musée, jusqu’au 5 avril, cat. 126 p., éd. Musée de Grenoble/RMN et PARIS, galerie Frank, jusqu’au 27 mars.
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Alain Kirili, une sculpture jubilatoire
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°504 du 1 mars 1999, avec le titre suivant : Alain Kirili, une sculpture jubilatoire