Alain Bublex, agir dans le réel

Depuis une vingtaine d’années, la photographie plasticienne a enrichi l’art contemporain d’une considérable production d’images. Les créateurs qui l’ont élue sont légion. Dans ce contexte, la démarche d’un artiste comme Alain Bublex ne manque pas d’originalité. Ses travaux s’intéressent davantage à la réalité du réel qu’à son image, à la pratique de la photographie plus qu’à sa destination, bref à l’usage qu’on en fait dans un rapport de présence au temps et à l’espace. Issu du monde industriel, versant design automobile, Bublex, qui est venu à l’art au début des années 90, s’interroge plus particulièrement sur la notion de déplacement. À ce point même qu’il en vient à considérer que ce qui compte au regard d’une pratique photographique n’est pas tant de faire une image en lieu et place du sujet à photographier que de s’y rendre. On comprend mieux dès lors comment il articule dans son travail les deux éléments de l’automobile et de la photographie. Invité à exposer à Nice, Alain Bublex a choisi notamment de mettre en évidence cette idée de déplacement en tant que destination qui la suggère au plus fort d’un cliché, voire d’un mythe. « Derrière tous mes projets qui sont des fictions, je suis placé dans la situation de devoir agir dans le réel », observe Bublex qui, à l’aide d’un Véhicule de Service, concept qui lui permet d’instrumentaliser la prise de vue à un moment donné, a filmé le déroulé de son voyage. Outre quelques dessins d’appareils photo
qui sont pour lui une façon d’aborder la question de la pratique photographique, une série d’images banales prises un Dimanche matin et un ensemble intitulé Ville et Régions, l’exposition niçoise met l’accent sur le fait que c’est « en coupant dans le réel que l’on fait sens ».