Affinités électives

En 1951, Terry Haass a 28 ans lorsqu’elle écrit une lettre à Anna-Eva Bergman, de 14 ans son aînée, dont elle vient de découvrir les œuvres telluriques lors de son voyage en Norvège. Cette jeune artiste qui était aussi archéologue, née en Tchécoslovaquie dans une famille juive, partage avec Bergman, alors en pleine révolution artistique, une fascination pour les pierres et les planètes, pour la lumière, comme une quête de la ligne pure, classique. Avec délicatesse, l’exposition de la Fondation Hartung-Bergman raconte leur amitié, qu’a partagée Hans Hartung. N’est-ce pas Terry Haass, en effet, qui a facilité les retrouvailles du couple après quinze années de séparation ? En présentant d’émouvantes archives et en faisant dialoguer les œuvres puissantes des trois artistes, le parcours fait découvrir l’œuvre méconnue de Terry Haass en même temps qu’il donne à voir la fécondité de cette amitié, dont la beauté se devine à travers les liens qui se tissent entre les œuvres des uns et des autres. Ici, des variations de planètes de Terry Haass entrent en résonance avec Deux Lunes pour Hans de Bergman. Là, des gravures de l’amie du couple répondent aux peintures grattées, griffées de Hartung. À travers ces dialogues, transparaît une amitié riche et vibrante, dont l’intensité et la douceur furent sans doute celles de l’amour.