Robert Adams ne peut photographier ce qu’il ne connaît pas, ce qu’il n’a pas « vu et revu à toute heure et en toutes saisons », afin d’identifier « les images caractéristiques de l’endroit » qu’il a choisi de documenter, d’éclairer voire de dénoncer dans toute sa vérité, qu’elle touche au beau, au sacré, au tragique ou aux dégradations et déforestations causées par l’homme.
En cinquante ans, le célèbre chroniqueur de l’évolution des paysages de l’Ouest américain, ardent défenseur de l’environnement, n’a pas dérogé à ce principe, avec une continuité stylistique noir et blanc rare, qui n’a jamais séparé contenu et esthétique. Plaines du Colorado, du Dakota, bords de rivière, peupliers noirs ou ancienne exploitation d’agrumes près de Los Angeles, églises méthodistes, pavillons de la ville de Colorado Springs, rues de Denver ou de Longmont où il habita un temps : la traversée chronologique de l’œuvre proposée par Joshua Chuang et Jock Reynolds de la Yale University Art Gallery, en concertation avec Robert Adams, est une promenade à faire à pas lents, tant les indignations comme les complétudes d’un homme face à une lumière naturelle, une plaine sous un ciel d’orage ou une nuit étoilée s’expriment sans fard ni grandiloquence. Les images de Robert Adams demandent que l’on prenne le temps de les contempler. Car derrière le calme apparent des images se déploient toute la force, la rigueur et la finesse d’un regard aussi troublant, sincère, aiguisé que prégnant. C’est en regardant les livres, ceux d’Ansel Adams en particulier, que Robert Adams, ancien professeur de littérature, dit avoir appris à photographier ; c’est en regardant ses images, ses livres aussi, dans l’écoulement du temps, que se mesure tout l’engagement, le positionnement de cet homme épris autant de nature, d’art, de lumière que de ciel.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Adams, chroniques de l’Ouest américain
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Jeu de paume, 1, place de la Concorde, Paris-8e
www.jeudepaume.org
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°667 du 1 avril 2014, avec le titre suivant : Adams, chroniques de l’Ouest américain