Comme Zao Wou-Ki, Chu Teh-Chun est un peintre franco-chinois qui a fait le choix de l’abstraction, l’intermédiaire le plus évident entre traditions picturales orientale et occidentale. Comme Zao Wou-Ki, Chu Teh-Chun est à l’honneur en France grâce à l’Année de la Chine. Mais pour apprécier ses toiles aux vigoureux contrastes colorés, aux compositions rigoureuses dissimulées par de grandes traces de brosse, il faudra, pour ceux qui ont raté la belle exposition que lui a consacré le galeriste Patrice Trigano, se rendre à Cannes. Une série de manifestations y présente en effet les différentes facettes de son travail : peintures, mais aussi céramiques récentes (produites à l’atelier dela Tuilerie à Treigny) et encres de Chine. Né en 1920 dans une famille de collectionneurs, Chu Teh-Chun entre à l’école des Beaux-Arts du Hangzhou puis devient professeur, métier qu’il exerce jusqu’à son départ pour l’Europe en 1955.
Dès son arrivée à Paris, le peintre s’adonne à la reproduction des maîtres anciens et peint des vues
de Paris, avec un graphisme déjà affirmé. En 1956, il découvre la peinture de Nicolas de Staël au Musée national d’art moderne et les séductions de l’abstraction. Pourtant, cette même année, c’est un portrait figuratif qu’il présente au Salon des artistes français. Ching-Chao, son épouse, y est représentée assise dans une attitude ingresque, avec un classicisme éthéré qui n’est pas sans évoquer Balthus.
Certaines séries réalisées au cours des années qui suivent son installation à Paris présentent toutefois les signes avant-coureurs de la voie que prendra Chu Teh-Chun. Dans Fleurs 1 (1956), la composition florale centrale est prétexte à la juxtaposition d’effusions de tonalités vives, alors que le fond s’obscurcit en aplats onctueux. Ces contrastes, entre une partie centrale agitée de vibrations et des fonds largement brossés et assagis, deviendront une constante dans l’œuvre du peintre. La série de Nus de 1955 procède d’une évolution du même ordre. D’un modèle inspiré des Baigneuses de Cézanne, Chu Teh-Chun aboutit à une composition énigmatique, où la couleur claire de la carnation féminine est happée par la noirceur du fond. L’abstraction sera désormais l’unique mode d’expression du peintre pour évoquer les paysages de sa Chine natale ou les forces vives des éléments.
« Chu Teh-Chun, paysagisme des songes », CANNES (06), La Malmaison, 47 La Croisette, jusqu’au 2 mai ; villa Domergue, av. Fiesole, 9 juillet-26 septembre. Tél. : 04 97 06 44 90.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Abstraction chinoise
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°557 du 1 avril 2004, avec le titre suivant : Abstraction chinoise