PARIS
Paris sera une fois encore en 2019 la capitale des grandes expositions, dans tous les domaines. L’année réserve de belles surprises.
FÉVRIER
Centre Georges Pompidou. Vasarely, le partage des formes. Du 6 février au 6 mai.
Maître de l’Op art, Victor Vasarely est le grand oublié du mouvement de réhabilitation qui touche l’art cinétique depuis l’exposition « Dynamo » en 2013 au Grand Palais. La rétrospective que lui consacrera en février le Centre Georges Pompidou s’affirme ainsi comme un retour en grâce et entend bien corriger l’image négative d’un artiste un peu trop prolifique, engagé aussi bien sur le front de la recherche esthétique que de la production de masse. Cette dimension populaire n’est pas occultée au contraire : en réunissant un vaste corpus de 300 pièces où se confrontent œuvres méconnues, affiches publicitaires, décors d’émissions de variétés, intégrations architecturales ou multiples, l’exposition veut précisément souligner la place de Vasarely dans l’imaginaire des Trente Glorieuses.
Stéphanie Lemoine
Fondation Louis Vuitton. La collection Courtauld. Un regard sur l’impressionnisme. Du 20 février au 17 juin.
L’exposition présente 110 œuvres impressionnistes et postimpressionnistes acquises par l’Anglais Samuel Courtauld (1876-1947). Certaines proviennent de la Courtauld Gallery, dont Un bar aux Folies-Bergère (1881-1882) de Manet, Les Joueurs de cartes (1892-1895) de Cézanne, Autoportrait à l’oreille bandée (1889) de Van Gogh ou Nevermore (1897) de Gauguin. D’autres ont été achetées par lui pour la National Gallery – telles La Baignadeà Asnières (1884) de Seurat ou Au théâtre (La Première Sortie) (1876-1877) de Renoir – ou y sont entrées après sa mort, comme La Gare Saint-Lazare (1877) de Monet. Un ensemble complété par dix aquarelles de Turner de la collection de Stephen Courtauld.
Elizabeth Santacreu
MARS
Musée du Quai Branly-Jacques Chirac. Océanie. Du 12 mars au 7 juillet.
Y a-t-il une culture commune aux 25 000 îles d’Océanie ? C’est la question posée par l’exposition du premier semestre du Quai Branly. Le musée a naturellement souvent braqué ses projecteurs sur des ethnies particulières, comme récemment les Maoris de Nouvelle-Zélande, les Sepik de Papouasie-Nouvelle Guinée ou les Îles Marquises, mais c’est la première fois qu’il programme une présentation d’ensemble. En 170 pièces s’étendant sur une large période, de l’Antiquité à la création contemporaine, il sera ainsi possible de se faire une opinion de ce qui ressort d’une culture commune et de ce qui relève des particularités Locales.
Julien Tribut
Musée Jacquemart-André. Hammershøi, le maître de la peinture danoise. Du 14 mars au 22 juillet.
Les intérieurs vides ou occupés par une femme, souvent de dos, du peintre danois Vilhelm Hammershøi (1864-1916) semblent nés d’un croisement entre Vermeer et Whistler. Exposés en 1987 et 1997, ils ont frappé le public français auquel il est temps de présenter l’entourage de l’artiste : son frère, le céramiste et paysagiste Svend Hammershøi, son beau-frère Peter Ilsted, dont les scènes domestiques sont très proches des siennes et son ami Carl Holsøe qui, tout en peignant également des femmes seules dans leur maison, choisit plutôt des décors élégants et bourgeois. Les intérieurs, paysages et villes déserts de Vilhelm Hammershøi, mais aussi ses nus et portraits au silence palpable viennent principalement du Danemark et de Suède et certains sont présentés pour la première fois en France.
Elizabeth Santacreu
Galeries nationales du Grand Palais. Rouge. Art et utopie au pays des Soviets. Du 20 mars au 1er juillet.
Comment la toute jeune Russie soviétique a-t-elle défini et construit un art socialiste ? Cette question, entre histoire, politique et art, est prise à bras le corps dans une exposition retraçant la grande épopée du réalisme socialiste. Dès les premiers bouleversements de la Révolution d’Octobre en 1917, les artistes, cinéastes, architectes russes se passionnent pour le nouveau projet social soutenu par les révolutionnaires. Les utopies s’entrechoquent avec enthousiasme les premières années, jusqu’à la main mise totale de Staline en 1927. Figeant le dogme du réalisme socialiste, le Parti fixe un art qui s’exporte à l’international, mais qui sombre aussi dans un kitsch d’État jusqu’à la chute de l’URSS En 1990.
Francine Guillou
Grande Halle de la Villette. Toutankhamon, le Trésor du Pharaon. Du 23 mars au 15 septembre.
Avant l’ouverture du Grand Musée égyptien du plateau de Gizeh, le ministère des Antiquités égyptiennes a décidé d’organiser une grande tournée mondiale du mobilier de la tombe de Toutankhamon, découverte en 1922 par Howard Carter. Exposées en France en 1967, près de 150 œuvres reviennent donc à Paris en mars. Parmi elles, le lit funéraire du pharaon, ses vases canopes et ses statuettes funéraires, mais pas son célèbre masque funéraire, resté au Caire. Le parcours suivra le périple du jeune pharaon vers la vie éternelle, mettant en lumière les croyances religieuses et funéraires de l’Égypte ancienne. Cette exposition événement, en partenariat avec le Musée du Louvre, rivalisera peut-être avec celle de 1967, qui avait accueilli 1,24 million de visiteurs pour « seulement » 45 Objets.
Francine Guillou
Musée d’Orsay. Le modèle noir de Géricault à Matisse. 26 mars au 14 juillet.
Dans le Paris du XIXe siècle, le modèle noir, prisé jusque-là par les peintres pour les difficultés techniques qu’il présentait, devient un sujet à part entière. Une chercheuse américaine a étudié cette émergence et les problématiques qui l’accompagnent. Qui étaient ces modèles (la « Laure, très belle négresse » de Manet, par exemple), quel regard portait l’artiste et la société sur Jeanne Duval, maîtresse de Baudelaire portraiturée par le même Manet, ou sur Miss Lala du Cirque Fernando, croquée par Degas ? Venant de la Wallach Art Gallery de New York, l’exposition d’Orsay bénéficie d’un regard français sur la période allant de l’abolition de l’esclavage à la découverte de Harlem par Matisse et ouvre la perspective sur les artistes afro-américains Contemporains.
Elizabeth Santacreu
Musée d’archéologie nationale. Henri II. Renaissance à Saint-Germain-en-Laye. Du 31 mars au 14 juillet 2019
Pour célébrer les 500 ans de la naissance du roi Henri II à Saint-Germain-en-Laye, le Musée d’archéologie nationale organise la première grande exposition sur ce souverain mal connu. Mort précocement en 1559, Henri II a été éclipsé dans les mémoires par son père François Ier ou son épouse Catherine de Médicis. Une centaine d’œuvres (peintures, dessins, gravures, armes, verreries, broderies, décors...) de provenance nationale et internationale retraceront la vie du monarque, de ses familiers et du château saint-germanois qui fut sa résidence principale. Le Palazzo Pitti de Florence a concédé des prêts de taille : deux portraits en pied en grandeur nature d’Henri II et de Catherine De Médicis.
Margot Boutges
MAI
Musée du Louvre. Royaumes oubliés, L’empire hittite aux araméens. Du 2 mai au 12 août.
Moins connue que sa grande rivale égyptienne, la civilisation hittite est l’objet d’une grande exposition archéologique au Musée du Louvre en partenariat avec le Pergamonmuseum de Berlin. Cette grande puissance domine pourtant l’Anatolie et le Levant jusqu’aux alentours de 1200 av. J.-C. Autour du site de Tell Halaf, situé près de l’actuelle frontière turco-syrienne, l’exposition propose une plongée dans les traditions culturelles, politiques et artistiques de cet empire disparu. Le musée en profitera pour sensibiliser les visiteurs au patrimoine en péril dans les zones de conflits : Tell Halaf a été une ligne de front lors de l’actuel conflit en Syrie. Ces grandes sculptures, ramenées à Berlin dans les années 1920, avaient aussi été fortement endommagées par des bombardements lors de la Seconde Guerre mondiale.
Francine Guillou
JUIN
Musée d’Orsay. Berthe Morisot (1841-1895). Du 18 juin au 22 septembre.
Quoi de mieux qu’une figure connue pour une exposition estivale ? Il ne faut pas s’attendre à une relecture radicale de ce visage féminin de l’impressionnisme, tant les historiens et les musées se sont intéressés à elle. Les Parisiens avaient ainsi pu apprécier une rétrospective en 2012 au Musée Marmottant-Monet. Elle est d’ailleurs connue – et reconnue – dès la première exposition des impressionnistes en 1874 et participera à quasiment toutes les expositions du groupe. À l’époque déjà, ses pairs ne voyaient pas seulement en elle la représentante d’une gentille peinture féminine, mais une artiste accomplie ayant apporté une contribution Majeure au mouvement.
Julien Tribut
SEPTEMBRE
Centre Georges Pompidou. Bacon en toutes lettres. Du 11 septembre 2019 au 20 janvier 2020.
Quelle influence la littérature a-t-elle eu sur l’œuvre de Francis Bacon ? C’est avec cette approche originale que Didier Ottinger, commissaire de l’exposition propose d’aborder le peintre anglais à la rentrée 2019, dans la lignée des monographies consacrées récemment par le Centre Georges Pompidou aux figures majeures de l’art du XXe siècle. Certains propos de l’artiste viennent justifier un tel parti pris : s’il a toujours récusé toute visée illustrative ou narrative, Francis Bacon affirmait que la littérature lui inspirait « une atmosphère générale » et des « images ». L’examen de sa bibliothèque oriente ainsi l’accrochage vers une sélection resserrée d’une soixantaine d’œuvres, où l’influence d’Eschyle, Nietzsche, Bataille, Eliot ou Conrad s’exerce dans le partage de valeurs Poétiques et stylistiques.
Stéphanie Lemoine
OCTOBRE
Musée d’art moderne. Hans Hartung, rétrospective. Du 11 octobre 2019 au 23 février 2020.
Pour sa réouverture après d’importants travaux, le Musée d’art moderne propose de redécouvrir une figure majeure de l’art abstrait au XXe siècle : Hans Hartung. Le peintre n’avait pas été présenté dans l’institution parisienne depuis 1969. En partie justifiée par une série d’acquisitions récentes d’œuvres de l’artiste, cette rétrospective s’intéresse à son rôle de meneur de l’abstraction en France, et réunit un ensemble de 160 toiles peintes entre le début des années 1920 et sa disparition en 1989. Sous la houlette d’Odile Burluraux, elle s’attache à souligner aussi bien la diversité des formes produites par Hartung, que celle des médiums auxquels il eut recours. À ce titre, l’exposition rassemblera nombre d’œuvres sur papiers, de gravures, de livres illustrés et de photographies – l’artiste en a produit près de 15 000. Elle s’intéressera enfin aux divers ateliers qu’a fait construire le peintre à Minorque ou Antibes.
Stéphanie Lemoine
Grand-Palais. Henri de Toulouse-Lautrec. Absolument moderne. Du 9 octobre 2019 au 27 janvier 2020.
Au-delà des affiches pour Jeanne Avril et Aristide Bruant, et des croquis des nuits festives de Montmartre, Toulouse-Lautrec (1864-1901) fut un portraitiste aiguisé et un peintre de la vie moderne, des bordels au cirque et aux scènes équestres. Cette rétrospective d’environ 200 œuvres, la deuxième seulement consacrée en France à l’artiste (la première date de 1992), veut montrer la diversité de son inspiration et ses recherches, par exemple sur la représentation de la vitesse et de l’instantanéité. Elle explore d’un œil nouveau son univers intellectuel et artistique, les influences qui l’ont déterminé et ce qu’il a pu enseigner aux générations futures : il fut, selon les termes des commissaires, un « accoucheur Involontaire Du XXe siècle ».
Elizabeth Santacreu
Galeries nationales du Grand Palais. El Greco. Du 16 octobre 2019 au 10 février 2020.
El Greco (1541-1614), malgré sa renommée, n’a jamais fait l’objet d’une exposition rétrospective en France. La Réunion des musées nationaux a choisi de réparer cette relative injustice en s’associant au Musée du Louvre et à l’Art Institute de Chicago pour organiser une grande rétrospective de ce peintre singulier. Ce sera l’occasion de revenir sur une peinture si reconnaissable qu’on croit bien la connaître. Avec un corpus complet, on nous promet « découvertes et redécouvertes », cheminant de Venise à Tolède, sur les traces du peintre redécouvert au XIXe siècle et adopté par les avant-gardes du XXe siècle. Au-delà de la légende entourant la vie du Greco, l’exposition s’attachera à examiner les variations stylistiques de son œuvre, et devrait dévoiler une sensibilité Plus Humaniste que mystique.
Francine Guillou
Musée du Louvre. Léonard de Vinci. Du 24 octobre 2019 au 24 février 2020.
Pour commémorer les 500 ans de la mort de Léonard de Vinci, le Louvre met les petits plats dans les grands en organisant une exposition sur le plus célèbre maître de la peinture occidentale. Rassembler la plus large part possible du corpus d’œuvres de Léonard : telle est l’ambition de cette manifestation. Si le Louvre lui-même est déjà formidablement doté en tableaux de Léonard (La Joconde ; La Vierge, l’Enfant Jésus et sainte Anne ; Saint Jean-Baptiste ; La belle Ferronière et La Vierge aux rochers) et en dessins de l’artiste (22), il s’agira d’obtenir le prêt d’œuvres dispersés à l’internationale. La venue à Paris de feuilles émanant du plus riche fonds de dessins de Léonard de Vinci au monde – celui de la reine d’Angleterre – est d’ores et déjà annoncée.
Margot Boutges
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2019 les expositions à ne pas manquer à Paris
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°514 du 4 janvier 2019, avec le titre suivant : 2019 les expositions à ne pas manquer à Paris