Qui se douterait qu’un des châteaux les plus emblématiques du Grand Siècle a accueilli une colonie d’artistes nordiques à la Belle Époque ? Presque une colonie de vacances, serait-on tenté d’ajouter, tant l’ambiance qui régnait dans le palais de Mansart respirait le luxe, la volupté et la camaraderie.
Cet épisode méconnu de l’histoire de Maisons lève le voile sur le dernier propriétaire du monument : Wilhelm Tilman Grommé. Fils du banquier du tsar, il délaisse les affaires pour faire des études d’art à Saint-Pétersbourg. Entretenant des liens étroits avec l’Allemagne, la Russie et la Finlande, le peintre choisit toutefois de s’installer en France et constitue une collection éclectique mêlant objets d’art, peintures, accessoires glanés au gré de ses voyages ainsi que des costumes de théâtre. Ces pièces décorent entre autres le joyau de sa collection : le château de Maisons, qu’il acquiert en 1877. Cinq ans plus tard, il invite son ami le peintre finlandais Adolf von Becker, qui a besoin d’un vaste atelier, à poser ses pénates à Maisons. Dans son sillage arrivent deux autres artistes nordiques : Gunnar Berndtson et Albert Edelfelt, accompagnés de leur modèle, Antonia-Louise Bonjean. Le rêve de colonie d’artistes de Grommé prend forme, et cette petite troupe investit le domaine au-delà de ses attentes. Berndtson utilise en effet le château comme décor de ses tableaux historicistes au charme suranné, tandis qu’Edelfelt plébiscite le jardin. Machine à remonter le temps, élégamment déployée à l’étage noble, cette exposition fait revivre cette tranche d’histoire amicale et artistique qui n’a hélas connu qu’une seule saison. La scénographie, ponctuée de grands portraits de groupe, fait le pari de la délicatesse et de la transparence. Cerise sur le gâteau, ce projet est aussi l’occasion d’un sauvetage patrimonial, puisqu’il a permis d’exhumer et de restaurer un décor conçu par Grommé pour le château. Un bel hommage pour cet artiste qui a œuvré à préserver et faire vivre ce monument insigne.
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1882, un été de rêve
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°755 du 1 juin 2022, avec le titre suivant : 1882, un été de rêve