Les maîtres du désordre

Tangent, l’univers se dérobe. A la recherche de son équilibre originel, des intercesseurs chargés des négociations avec les forces du chaos investissent le symbolique pour restituer ses éventuels points d’accords. Maintes initiatives, répétées aux travers les siècles et les continents, que le quai Branly synthétisent en mélangeant les genres, du chamanisme à l’art contemporain.

Organisée en trois grandes sections, l’exposition du quai Branly accueille le visiteur dans un parcours fait de méandres. Lui est successivement présenté l’ordre imparfait, la maîtrise du désordre puis la catharsis espérée. Non chronologique mais thématique, tant la conscience du désordre semble être commune à toute les civilisations, l’exposition analyse la notion de désordre à travers les différents modes de négociations mis en place pour le contenir.

En point commun, les rites s’affichent comme le mode privilégié des négociations avec les puissances censées gouverner les sociétés humaines. Des pulsions transgressives, orchestrées par des chamans, qui leur permettent de communiquer avec les esprits, parfois aidés de substances psychoactives. Le Jardin d'addiction (2010-2011), une grande sculpture de verre des artistes Christophe Berdaguer et Marie Péjus, y fait écho. « L'idée n'est pas de dire que ces artistes occidentaux sont eux aussi des chamans mais que ce sont des hommes limites car ils sont travaillés par des forces qui peuvent les dépasser », explique l'anthropologue Bertrand Hell, conseiller scientifique de l'exposition.

L'exposition, qui se tient jusqu'au 29 juillet, présente plus de 300 objets ethnologiques, auxquels font écho les oeuvres d'une vingtaine d'artistes contemporains comme Jean-Michel Basquiat, Annette Messager, Paul McCarthy, Ben...). Elle a pour commissaire Jean de Loisy, commissaire d'expositions remarquées (comme "Monumenta" d'Anish Kapoor au Grand Palais en 2011) et nouveau président du Palais de Tokyo.