Intérieurs romantiques - Aquarelles 1820-1890, Cooper - Hewitt, National Design Museum, New York, Donation Eugene V.Thaw

En partenariat avec le Cooper Hewitt National Design Museum de New York, le musée de la vie romantique présente une collection de quelques 80 œuvres « Vues d’intérieur du XIXe siècle occidental » réunies par le célèbre collectionneur Eugène V.Thaw qui les lui a offertes en 2007.

A travers cet exhaustif panorama de l’art décoratif du siècle passé, les gouaches et aquarelles invitent à pénétrer dans l’intimité raffinée des intérieurs d’antan, dans ces salons où la classe sociale bourgeoise émergente côtoyait les milieux des arts et des lettres.

Pendant que le XIXe siècle voit l’émergence en Europe d’une société nouvelle au pouvoir confrontée à d’ambitieux défis économiques, politiques et sociaux, parallèlement, s’impose un genre pictural nouveau dans quelques pays européens tels en France, en Angleterre, en Allemagne et en Russie : le portrait d’intérieur. Pourtant, bien que maîtrisé par nombre d’artistes depuis plus d’un siècle, il reste longtemps considéré comme mineur et ne connaît son apogée qu’à la deuxième moitié du XIXe siècle.

Si le genre prend naissance à la fin du XVIIIe siècle, dans les cabinets d’architecture désireux de séduire leurs clients par la réalisation d’aquarelles raffinées et évocatrices, il acquiert par la suite une dimension nouvelle : le décor – bien qu’inanimé – suggère la présence délicate de l’humain. En réalité, le phénomène coïncide avec l’importance croissante donnée à la maison par la bourgeoisie. Si le logis s’apparente en premier lieu à un espace tout de confort et d’intimité familiale, les salons matérialisent également des hauts-lieux de sociabilité, où la même bourgeoisie aime à recevoir ses convives et personnalités de lettres et de bon goût. Dans un contexte de renouvellement des modes décoratives tant néo-gothiques que Louis XV et néo-classiques, il devient par ailleurs fréquent, pour les propriétaires de commander des vues de leur intérieur apparentées presque à des photographies, tant le détail est minutieux.

A l’instar des maisons de poupée délicates et raffinées, le visiteur se voit comme catapulté au cœur des logis coquets et romantiques de la deuxième moitié du XIXe siècle. S’il pourra découvrir des salons style empire tout de bronze, de bois, d’acajou, de satin et de velours, il peut en apprécier d’autres plus sobres, ou plus rococos, plus flamboyants. Ici, Alcôve dans le salon de la grande duchesse Anna de Mecklenburg-Schwerin (1877) de C. Rath, plonge le visiteur dans l’enfilade précieuse et élégante d’un appartement orné de dorures et tapisseries, plus loin, Un atelier à la villa Médicis (1835) d’Eugène Delacroix révèle le charme des fresques murales italiennes d’époque mêlées à quelques sculptures gréco-romaines.