Henri Rouart, l'œuvre peinte

Artiste, collectionneur, industriel et ingénieur, Henri Rouart (1933-1912) est un peintre assidu mais modeste, resté dans l’ombre des impressionnistes.

À la ville il préfère la campagne, et affectionne particulièrement les voyages en provinces. Son amitié avec Degas lui vaudra de participer à de nombreuses expositions impressionnistes. Malgré tout, il reste très peu connu de son vivant, et n’est exposé que rarement après sa mort. Première rétrospective de l’artiste depuis 1933, « Henri Rouart, l’œuvre peinte » au Musée Marmottan est l’occasion de s’immerger dans l’univers du peintre.

Ami de Degas, Millet, Rousseau et Corot, Henri Rouart est grand amateur d’art dès sa jeunesse. Il collectionne les œuvres de ses amis, particulièrement celles de Corot, qui le conseille beaucoup sur sa pratique. En marge de ses activités d’industriel, il s’adonne aux croquis pendant ses voyages, et à la peinture depuis sa maison de La Queue-en-Brie dans le Val-de-Marne, où Degas lui rendra souvent visite malgré son aversion pour la campagne.

Si la peinture de Rouart est résolument impressionniste dans l’utilisation de la couleur, elle est aussi influencée par l’école de Barbizon, particulièrement dans ses thèmes. Paysagiste avant toute chose, il produit de nombreuses toiles des alentours de son domaine. Si l’arbre est son sujet de prédilection, et sa couleur le vert, il peint également des intérieurs intimistes aux couleurs chaudes. Ses portraits, aux compositions étonnements fermées, restent pour le peintre un prétextes pour ses recherches sur la couleur.

Les voyages sont l’occasion pour Rouart de peindre sur le vif, pratique qu’il chéri particulièrement. Dans Paysage au pont, sujet qu’il traite presque comme une aquarelle, le point de vue semble être celui d’une barque sur l’eau. S’il n’a peut-être pas réalisé la toile dans ces conditions, pratique pourtant fréquente chez lui comme chez Monet, il en donne largement l’impression, et encourage cette lecture par une touche horizontale large, qui dynamise la composition.

Alors que Degas était considéré comme « l’enfant terrible » du mouvement, que Manet restait en marge du groupe, et que Pissarro basculait vers le pointillisme, les peintres impressionnistes ne représentent finalement qu’une petite poignée de peintres (Monet, Morisot et Sisley par exemple). Pourtant, Rouart reste souvent absent des rétrospectives sur l’impressionnisme, considéré comme un peintre marginal du groupe, et n’est jamais exposé seul de son vivant. Jean-Dominique Rey, commissaire de « Henri Rouart, l’œuvre peinte », propose une relecture de la peinture de Rouart, peintre de son époque.